Moscou dément vouloir fournir des avions ravitailleurs à l’armée américaine

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L’avion ravitailleur d’Airbus, le 18 juin 2007 au Bourget (Photo : Pierre Verdy)

[22/03/2010 09:50:53] MOSCOU (AFP) La Russie a démenti lundi vouloir participer à un appel d’offres pour la fourniture d’avions ravitailleurs à l’armée américaine, les responsables russes ne cachant pas leur surprise après la publication d’informations en ce sens la semaine dernière.

La société d’exportation d’armements Rosoboronexport, le constructeur aéronautique UAC et le gouvernement russe ont tous trois indiqué à l’AFP ne pas avoir connaissance d’un tel projet.

“Nous ne savons absolument rien de cet appel d’offres”, a déclaré Viatcheslav Davidenko, le porte-parole de Rosoboronexport, seule société de Russie habilitée à participer à des appels d’offres militaires à l’étranger.

Le même étonnement était à l’ordre du jour chez UAC, alors que c’est un avocat américain, John Kirkland, présenté comme un représentant de la société, qui avait annoncé vendredi que le constructeur russe comptait former une coentreprise avec un partenaire américain en vue de l’appel d’offres.

“Je pense que quelqu’un prépare à l’avance un poisson d’avril”, s’est amusé le porte-parole d’UAC.

Il a par ailleurs indiqué ne pas connaître le juriste à l’origine de ces informations sur la participation éventuelle de Moscou à ce projet évalué à 35 milliards de dollars et concernant la livraison à l’armée américaine de 179 avions ravitailleurs.

“La première fois que j’ai entendu parler de lui, c’est en lisant son nom dans les journaux et sur internet”, lorsque l’avocat a fait son annonce, a précisé le porte-parole d’UAC.

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Un ravitailleur KC-135 de l’US Air Force, le 18 septembre 2007 (Photo : Paul J. Richards)

Dmitri Peskov, le porte-parole du Premier ministre russe Vladimir Poutine, a lui aussi indiqué n’avoir aucune information à ce sujet, soulignant d’autre part que cette question n’avait pas été abordée lors de la venue vendredi à Moscou de la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton.

“Ce n’était pas un thème des discussions avec le chef du gouvernement”, a assuré M. Peskov à l’AFP. “Nous ne savons rien de tout cela”, a-t-il ajouté.

Pour ajouter à la confusion, M. Kirkland avait déclaré vendredi qu’une annonce officielle devait intervenir lundi, dans laquelle UAC et un partenaire américain non-identifié devaient confirmer la création d’une coentreprise pour se lancer dans la course.

Jugeant lui aussi improbable une participation de la Russie à l’appel d’offre, le quotidien russe Kommersant relevait lundi qu’en cas de participation, Moscou devrait proposer des Iliouchine-98, une version modifiée de l’appareil civil Il-96.

Mais le journal relève qu'”actuellement cet avion n’existe pas, même à l’état de projet, il n’existe qu’en tant qu’idée”.

Le porte-parole de Rosoboronexport a lui indiqué ne pas connaître les caractéristiques techniques de l’Il-98, assurant cependant que “s’il s’agit d’un Il-96 modifié, il serait en théorie assez facile à réaliser”.

L’imbroglio sur la participation de la Russie à l’appel d’offres américain n’est que la dernière surprise en date dans ce dossier riche en rebondissement.

En effet, le contrat sur la fourniture de 179 avions ravitailleurs à l’armée américaine avait été attribué dans un premier temps à Boeing en 2003, puis à l’européen Airbus (EADS) et son allié américain Northrop Grumman en 2008. Mais ces décisions avaient finalement été annulées.

Par ailleurs, le groupe EADS, qui semblait hors course suite au refus de Northrop Grumman de participer à une compétition qu’il estimait biaisée, a indiqué vendredi qu’il envisageait finalement de faire une proposition.