Après la dégradation de sa note, le Portugal au pied du mur pour assainir ses comptes

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é Socrates, le 22 mars 2010 à Tunis (Photo : Fethi Belaid)

[24/03/2010 17:11:54] LISBONNE (AFP) Considéré comme un des maillons faibles de la zone euro, le Portugal se retrouve à son tour au pied du mur pour mettre en oeuvre, sans attendre, son plan de redressement des finances publiques, après la dégradation mercredi de la notation de sa dette par l’agence Fitch.

Tout en jugeant le plan portugais “globalement crédible”, Fitch a abaissé d’un cran la note de la dette à long terme du Portugal, à “AA-” contre “AA”, entraînant la chute immédiate de la Bourse de Lisbonne de plus de 2% et faisant redouter un renchérissement des intérêts sur les emprunts d’Etat portugais.

“Même si le Portugal n’a pas été affecté outre mesure par la crise mondiale, les perspectives de reprise économique sont plus faibles que pour les 15 autres membres de la zone euro, ce qui va peser sur ses finances publiques à moyen terme”, a justifié dans un communiqué Douglas Renwick, un responsable de Fitch.

Réagissant à cette annonce, le gouvernement socialiste portugais, minoritaire depuis les législatives de septembre, a aussitôt réaffirmé son “ferme engagement” à redresser ses comptes tout en insistant sur le soutien “crucial” du parlement pour rassurer les marchés financiers internationaux.

La dégradation de la note du Portugal, jugée inéluctable depuis l’annonce d’un déficit record de 9,3% en 2009, intervient en effet à la veille d’un débat au parlement sur le programme de stabilité et de croissance (PEC) que le gouvernement doit remettre dans les prochains jours à Bruxelles.

Ce programme doit permettre au Portugal de ramener d’ici 2013 son déficit sous la barre des 3%, comme l’exige Bruxelles, et d’amorcer une réduction de sa dette qui a dépassé l’an dernier les 126 milliards d’euros (76,6% du PIB).

Il s’appuie essentiellement sur une réduction drastique de la dépense publique avec un gel des salaires des fonctionnaires pendant quatre ans, une diminution des aides sociales et le report d’investissements publics.

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à Bruxelles (Photo : John Thys)

Le gouvernement table par ailleurs sur une hausse de ses recettes grâce à la suppression de nombreux bénéfices fiscaux et un vaste plan de privatisations sur fond de reprise timide de la croissance (+0,7% prévu en 2010).

Mercredi, le ministre des Finances Fernando Teixeira dos Santos a une nouvelle fois appelé l’opposition à exprimer “un soutien sans équivoque” au PEC, alors que de nombreux analystes et commentateurs ont émis des doutes sur la capacité d’un gouvernement minoritaire à imposer au pays quatre années d’austérité.

Bien que son vote par le parlement ne soit pas obligatoire, le PEC fera l’objet jeudi d’une résolution de soutien, présentée par le Parti socialiste, qui compte seulement 97 députés sur 230.

La gauche non socialiste (31 élus) a déjà annoncé qu’elle voterait contre un programme jugé “libéral”. La droite (102 députés), qui avait accepté de s’abstenir sur le budget 2010 “au nom de l’intérêt national”, n’a toujours pas annoncé sa position.

La dégradation de la note du Portugal a entraîné un léger décrochage sur les Bourses européennes tandis que l’euro atteignait un nouveau plus bas depuis début mai 2009 sur fonds d’inquiétude sur une contagion de la crise grecque aux économies les plus fragiles de la zone.

“La dégradation de la note de la dette souveraine du Portugal vient rappeler que les problèmes budgétaires de la zone euro ne se limitent pas à la Grèce”, a souligné Jennifer McKeown, analyste au cabinet londonien Capital economics, tout en rappelant que “la dégradation de AA à AA- laisse la notation du Portugal bien au dessus des BBB+ de la Grèce”.