Après Google et Rio Tinto, les étrangers soupèsent les perspectives en Chine

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ège de Google à Beijing, le 23 mars 2010 (Photo : Li Xin)

[25/03/2010 10:01:09] PEKIN (AFP) Sans aller jusqu’à endurer les déboires de Rio Tinto et Google, les entreprises étrangères trouvent de plus en plus difficile de travailler en Chine en raison des méandres administratifs, du manque de clarté législative et d’un traitement non équitable.

Trente ans après l’ouverture de la Chine aux investissements étrangers, les compagnies internationales se plaignent de lois coûteuses, de règles avantageant leurs homologues locales et d’un nationalisme croissant, au point que certains s’interrogent sur leur avenir dans la troisième économie de la planète.

“Pour la première fois, la communauté des affaires étrangères voient les occasions futures se raréfier, même si elle se porte bien” sur ce marché, souligne James McGregor, d’APCO Worldwide, spécialiste de la communication stratégique.

La dégradation de l’environnement des affaires remonte à plusieurs années mais a été aggravée par l’assurance prise par la Chine après la crise financière internationale, estime John Lee, un partenaire du Centre for Independent Studies d’Australie.

De cette tourmente internationale, le géant asiatique est sorti le vent en poupe, avec une croissance de 8,7% en 2009, alors que les Etats-Unis et l’Europe nageaient en pleine déconfiture.

“Les obstacles rencontrés par les entreprises étrangères sur les marchés chinois — dont Google est un bon exemple — montrent que la Chine n’a plus le sentiment d’avoir besoin comme autrefois de l’Occident”, dit Lee.

Tous les grands acteurs de la planète sont présents en Chine mais aussi les plus petits, dans tous les domaines.

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à Beijing (Photo : Feng Li)

Mais la confiance n’est plus au rendez-vous, comme l’a montré une récente étude de la Chambre américaine de commerce en Chine, dont 38% des membres se sentent de moins en mois bienvenus sur le marché chinois, alors que ce pourcentage n’était que de 23% en 2008.

En outre, les entreprises américaines de haute technologie en Chine redoutent la fermeture du marché liée à une circulaire de fin 2009 favorisant “l’innovation indigène” dans l’attribution des marchés publics dans six secteurs de haute technologie, selon la Chambre.

Côté européen, les craintes sont similaires et on se dit préoccupé par l’opacité des lois et règlements ainsi que par le peu de protection des droits de propriété intellectuelle.

“Le gâteau devient plus gros, mais la porte d’accès au marché s’est considérablement rétrécie”, résume Joerg Wuttke, président de la Chambre européenne de commerce, selon lequel certaines firmes envisageraient de jeter l’éponge.

James Mc Gregor affirme que certains groupes ont le sentiment d’avoir été utilisés, constatant l’absence de “bonne volonté réciproque” alors qu’ils ont lourdement investi dans le pays, lui apportant expertise, savoir-faire et technologie.

Bon nombre d’étrangers y font néanmoins de l’argent, mais au prix de considérables efforts pour sauter à travers les “cerceaux bureaucratiques” et déchiffrer chaque nouveau règlement, selon David Wolf, qui dirige un bureau de conseil.

Cette semaine, le procès pour espionnage industriel de quatre employés du géant minier Rio Tinto et la fermeture par Google de son site chinois ont secoué le monde des affaires.

Mais le ministre australien des Ressources Martin Ferguson a assuré que cela n’empêcherait pas ses compatriotes de continuer à investir. “Les deux économies sont complémentaires”, a-t-il dit à l’AFP, lors d’une visite à Pékin.

Le Premier ministre Wen Jiabao a de son côté souligné lundi devant les grands patrons mondiaux qu’il jugeait “important de renforcer la confiance” des étrangers en Chine.