é de la mairie de Grenoble regarde un mail, le 08 juin 2007 à Grenoble (Photo : Jean-Pierre Clatot) |
[25/03/2010 18:46:12] PARIS (AFP) Les spams, ces courriers indésirables qui envahissent les boîtes aux lettres électroniques, représentent désormais quelque 90% des mails échangés dans le monde, un chiffre encore amené à progresser, la lutte contre ce fléau restant peu structurée.
Alors que seuls 14,8% des mails étaient des spams en 2002, le phénomène s’est ensuite accéléré rapidement, le taux atteignant 74% en 2004. Sur les six derniers mois, il s’est élevé à 86,3% et a franchi en mars la barre des 90% (90,7%), selon une étude de la société de sécurité informatique Symantec publiée jeudi.
“C’est un cap symbolique, mais ce n’est pas du tout étonnant”, a déclaré à l’AFP Eugenio Correnti, expert chez Symantec, qui table sur une poursuite de cette hausse.
Les spams sont devenus une véritable industrie: 120 à 200 milliards sont envoyés chaque jour, selon la société concurrente McAfee.
“Environ 85% le sont par des botnets”, des réseaux d’ordinateurs de particuliers infectés des virus et pilotés à distance par des pirates (dits machines zombies), à l’insu de leurs propriétaires, explique M. Correnti, soulignant que plusieurs dizaines de millions de PC dans le monde sont ainsi infiltrés.
Selon David Grout, expert chez McAfee, “on assiste à une sophistication du spam. Il y a encore quelques mois, de grandes campagnes arrosaient à l’aveugle” et étaient essentiellement en langue anglaise. “Mais, aujourd’hui, les usagers reçoivent de plus en plus de spams ciblés, aussi bien en terme de contenus que de langue”.
Très inventifs, les spammeurs, dont le seul but est de gagner de l’argent, trouvent toujours de nouvelles méthodes pour contourner les protections, comme l’envoi d’images contenant du texte, qui ne peuvent être filtrées intelligemment.
Les spams peuvent prendre diverses formes: des mails commerciaux proposant des produits pharmaceutiques (Viagra, etc.) ou autres, des tentatives de “phishing”, ces escroqueries qui consistent à se faire passer pour de vrais organismes ou entreprises (impôts, opérateur…) pour que l’usager communique ses données personnelles ou bancaires.
“Tant que le coût de l’e-mail reste quasiment à zéro, la problématique du spam ne va que s’accéler”, pronostique M. Correnti, qui affirme que “s’il y a autant de spams, c’est parce que malheureusement des gens achètent”.
“Sur 100.000 messages envoyés par un spammeur, il suffit qu’il y ait un mail qui conduise à un achat pour que l’opération soit rentable”, poursuit-il.
Périodiquement, le taux de spams chute quand des botnets sont désactivés, mais le répit est de courte durée.
Lutter contre les spams, un fléau également écologique puisque l’activité qu’ils génèrent (envoi, réception, suppression) représente chaque année autant de CO2 que plusieurs millions de voitures, nécessiterait une réponse mondiale.
Or les législations varient selon les pays, certains étant beaucoup plus souples que d’autres, à l’image de l’Europe de l’Est, de la Russie, de certains pays d’Asie (Chine…) ou africains, comme le Nigeria, où les recettes liées aux spams “représentent quasiment 10% du PNB”, d’après M. Correnti.
Afin d’éviter d’être bombardés de spams, les experts recommandent aux usagers de ne jamais écrire leurs adresses e-mail sur des sites qu’ils ne connaissent pas ou ne maîtrisent pas (forums, etc.), d’avoir des solutions de protection à jour, de ne jamais cliquer sur des e-mails non sollicités ou encore de faire attention aux offres trop alléchantes, comme récemment des Mercedes vendus 20% moins cher que le prix habituel.