ère allemande Angela Merkel lors de son arrivée à un sommet européen, le 26 mars 2010 à Bruxelles (Photo : Georges Gobet) |
[26/03/2010 13:17:06] BRUXELLES (AFP) La chancelière allemande Angela Merkel a pu largement imposer ses vues à la France et au reste de l’Europe sur le plan à la Grèce, même si les deux pays se sont partiellement rabibochés après une phase de tensions sur les dossiers économiques.
En échange de son feu vert jeudi soir à des prêts de la zone euro auxquels elle se refusait jusque-là, Angela Merkel a arraché à ses partenaires, à commencer par la France, le principe d’une intervention du Fonds monétaire international (FMI) et d’un engagement à durcir la discipline budgétaire.
“C’est une victoire pour la chancelière, l’Allemagne a imposé ses vues”, estime une source diplomatique européenne.
Si Angela Merkel s’est réjouie vendredi que l’Europe soit parvenue à “faire preuve de solidarité envers un pays qui se trouve en difficulté”, sa fermeté au nom des sacrifices consentis par les contribuables allemands a été sévèrement critiquée, en particulier dans son pays.
A commencer par ses rivaux sociaux-démocrates. “Mme Merkel chauffe le sentiment eurosceptique parce qu’elle croit gagner avec ça les élections régionales (le 9 mai)”, a déploré le chef du groupe socialiste au Parlement européen Martin Schulz.
“Et elle a admis le gouvernement économique qu’elle a refusé depuis toujours. Donc elle n’a pas gagné”, a-t-il dit.
L’ancien vice-chancelier écologiste Joschka Fisher n’a pas été plus tendre, l’accusant de mettre en danger l’Europe. “Il y a peu, elle faisait figure de Dame Europe”, a-t-il dénoncé dans une tribune de presse, “aujourd’hui, elle donne l’impression de se transformer en Frau Germania”.
Sur le même thème, la presse allemande pointait du doigt vendredi la “victoire à la Pyrrhus” de la chancelière. “+Miss Europe+ est devenue pour les partenaires de l’UE +madame Non+” et cela “risque d’altérer massivement l’image” de l’Allemagne, estime Der Spiegel.
Autre artisan de l’accord sur la Grèce, Nicolas Sarkozy n’a pas paru s’inquiéter outre-mesure de la fermeté de la chancelière. “Il nous a fallu faire un compromis pour faire un bon accord opérationnel”, a-t-il philosophé, “l’Europe, c’est le compromis”.
Aux concessions faites à Mme Merkel, il a opposé lui aussi le feu vert allemand au “gouvernement économique européen”.
“Le Conseil européen doit devenir un véritable gouvernement économique de l’Europe, cette idée maintes fois défendue par la France devient aujourd’hui une réalité”, s’est-il réjoui, même si le texte en anglais a préféré “gouvernance” à “gouvernement”.
Une source française de haut niveau réfute toute idée de défaite de la France. “Dire que Merkel a imposé ses vues est factuellement faux”, a-t-elle dit, estimant notamment que la chancelière avait dû reculer sur son idée d’exclure les pays de la zone euro trop laxistes.
Après les tensions nées de la situation grecque et des critiques de la ministre française de l’Economie Christine Lagarde sur les excédents commerciaux allemands, le président français a pour sa part préféré louer la complicité retrouvée du couple franco-allemand.
“Comme toujours en Europe, les pays sont soulagés quand la France et l’Allemagne affichent une volonté de travailler en commun”, a-t-il lâché jeudi soir, confiant avoir été “très très sensible au fait que la chancelière ait clairement voulu privilégier l’axe franco-allemand”.
“Le fait que le président n’ait pas dit un mot sur les propos de Lagarde, ça a beaucoup contribué à ramener Angela Merkel sur des terres européennes”, a-t-on fait observer à l’Elysée.
“Pour Merkel et Sarkozy, c’était important de faire une telle mise en scène après les dégâts des derniers jours dans le couple franco-allemand”, a commenté un diplomate européen.