La RATP voit bien plus loin que l’Ile-de-France

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ège de la société, pris le 22 janvier 2009 à la Maison de la RATP à Paris (Photo : Jacques Demarthon)

[29/03/2010 16:48:03] PARIS (AFP) Le site internet de la RATP accueille désormais ses visiteurs avec une image du tramway… de Florence, en Italie: la Régie a décidé de changer d’échelle en sortant d’Ile-de-France et entend devenir un groupe d’envergure mondiale.

“La RATP a une obligation absolue, pour assurer sa pérennité, de se projeter hors d’Ile-de-France”, a estimé son président Pierre Mongin, en présentant lundi les résultats de l’entreprise publique. “C’est la volonté de l’Etat-actionnaire!”

Avec la fin annoncée de son monopole en Ile-de-France, la RATP, “à terme, pas tout de suite bien sûr, va perdre des parts de marché”, a-t-il argumenté. D’où l’impérieuse obligation pour l’entreprise de contre-attaquer hors de ses terrains de chasse traditionnels.

Depuis sa fondation en 1949, la RATP était cantonnée à Paris et sa banlieue, comme l’indique son nom, Régie autonome des transports parisiens. Ses ingénieurs s’étaient toutefois illustrés dans la conception de métros en province et à l’étranger, de Toulouse à Montréal.

En matière d’exploitation de réseaux, son coeur de métier, l’entreprise publique avait remporté en 2002 celui d’Annemasse (Haute-Savoie). L’an dernier, elle s’est implantée à La Roche-sur-Yon.

Cette année, les activités non-franciliennes du groupe, regroupées dans la filiale RATP Dev, devraient connaître une croissance spectaculaire.

A l’étranger, deux projets anciens se sont enfin concrétisés: RATP Dev exploite depuis le 14 février le nouveau tram de Florence. Début juin, elle sera aux commandes du Gautrain, sorte de RER reliant Johannesburg à son aéroport qui doit ensuite être prolongé jusqu’à Pretoria.

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à Bassens près de Bordeaux (Photo : Patrick Bernard)

En Asie, la RATP et Veolia Transport ont mis leurs intérêts en commun. Le tandem y exploite ou va y exploiter des métros à Séoul et Bombay, des bus à Nankin et de vénérables tramways à impériale à Hong Kong. “Il s’agit de points d’ancrage pour tester le marché”, observe M. Mongin.

Surtout, les activités de RATP Dev vont d’ici la fin de l’année s’enrichir d’une douzaine de réseaux de province français et étrangers repris à Transdev et Veolia Transport. Ces deux derniers groupes, en voie de fusion, doivent en effet céder des actifs représentant plus de 400 millions de chiffre d’affaires, en échange de la cession des 25,7% que détient la RATP dans Transdev.

Les bus de Bourges et Vierzon seraient ainsi prochainement exploités par la RATP, comme ceux de Gênes en Italie.

Les personnels doivent d’abord être informés, ainsi que les autorités organisatrices (les élus) concernées, et bien sûr les autorités de la concurrence.

Certains élus ont un peu renâclé, selon une source proche du dossier. “Les accueils que nous avons eus des autorités organisatrices sont dans l’ensemble positifs”, rectifie le patron de la RATP.

“Il y a certes eu un peu d’étonnement à voir la RATP avec le P de Paris débarquant en province. Le P parisien est très valorisant à l’étranger. Mais en province, on ne voit pas toujours très bien ce que nous pouvons leur apporter. Je suis très confiant que nous pourrons les convaincre sans difficulté que le choix de la RATP n’est pas un mauvais choix!”

“Le choc culturel passé”, le groupe s’imposera sans peine, assure-t-il. Car le marché français des transports en commun se partage essentiellement, pour l’instant, entre Veolia et Transdev, en voie de fusion, et Keolis, filiale de la SNCF.

Mais les concurrents de la RATP râlent puisqu’elle gardera encore longtemps son monopole historique en Ile-de-France, jusqu’en 2039 pour le métro parisien notamment.