Emprunt grec : analystes et médias plutôt décus, les taux d’intérêt grimpent

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ège d’Alpha Bank à Athènes sur lequel “voleurs” et “menteurs” ont été inscrit, le 4 mars 2010 (Photo : Louisa Gouliamaki)

[30/03/2010 12:47:58] ATHENES (AFP) Analystes et médias grecs se montraient mardi plutôt décus de la méfiance des marchés face au nouvel emprunt de l’Etat grec, que le plan d’aide de l’Europe à Athènes n’a nullement dissipée et qui provoquait un nouvel envol des taux d’intérêt des obligations grecques.

La Grèce est retournée lundi sur les marchés en lançant un emprunt obligataire de 5 milliards d’euros sur 7 ans, quatre jours après l’adoption par l’Union européenne d’un plan d’aide à Athènes. Mais la demande n’a atteint que 7 milliards d’euros, alors que les deux précédents emprunts avaient attiré cinq fois plus de demande que d’offre.

Conséquence, les taux des obligations grecques n’ont toujours pas baissé et restaient largement au-dessus des 6%, soit plus du double que le taux des obligations allemandes.

Le président de l’organisme gouvernemental de la gestion de la dette (ODDYH) Petros Christodoulou a soutenu mardi que la pause de Pâques était en partie responsable du faible taux de participation et que des obligations sur sept ans attirent généralement moins d’acheteurs.

Le ministre grec des Finances Georges Papaconstantinou est allé plus loin en qualifiant la nouvelle émission de succès. La différence de taux entre l’emprunt grec et les obligations allemandes, référence dans la zone euro, qui est pour l’instant d’environ 328 points de base, va “graduellement diminuer”, a-t-il assuré.

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à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

“Ce serait une grave erreur de penser que l’écart de taux chuterait juste après la décision du sommet de l’UE”, a-t-il ajouté.

“Nous avions besoin d’aller sur le marché d’urgence pour réunir des fonds, afin de faire face à nos échéances pour avril et mai, sachant que les marchés fermeront pour environ une semaine à Pâques”, a encore expliqué le ministre.

L’obligation de lundi a couvert les besoins d’emprunt pour avril mais le pays doit encore emprunter 12 milliards d’euros en mai, a précisé de son côté M. Christodoulou.

“Après l’annonce du plan de prêts bilatéraux et du FMI, beaucoup s’attendaient à une nette baisse des taux d’intérêt que la Grèce devrait payer pour sa dette. Mais cet espoir s’est révélé vain”, s’est toutefois inquiété un analyste de la Commerzbank, Ulrich Leuchtmann.

“La situation de la Grèce à long terme ne peut qu’empirer, sauf si les taux baissent. Une hausse des remboursements d’intérêts risque ainsi d’annuler en partie l’éventuel succès de mesures d’économies pour réduire le déficit”, a-t-il noté.

“Cela montre que les problèmes de la Grèce sont loin d’être terminés”, a renchéri la Rabobank dans une note.

“Les nouvelles obligations sont fraîchement accueillies”, titrait mardi le quotidien financier grec Naftemboriki.

M. Christodoulou a d’ailleurs annoncé que la Grèce avait rouvert mardi une obligation vieille de 20 ans à taux constant de 5,90% pour corriger “un manque technique”, mais que le pays n’avait levé que 390 millions d’euros au lieu du milliard d’euros souhaité.

“Les troisième et quatrième trimestres vont être plus favorables pour” l’obligation grecque, car Athènes aura effectué le plus gros de ses émissions, a toutefois estimé Jean-François Robin, stratégiste obligataire chez Natixis.

“C’est à ce moment qu’on pourrait voir une certaine normalisation, avec un +spread+ (différentiel avec l’obligation allemande à 10 ans) à 100-200 points de base”, a-t-il ajouté.

Pour continuer à refinancer sa dette publique de 300 milliards d’euros, la Grèce avait besoin au total de près de 54 milliards d’euros pour l’an 2010.

Athènes a déjà lancé deux emprunts les 25 janvier et 4 mars, à échéances de 5 et 10 ans, permettant de lever un total de 13 milliards.