L’ex-patron d’EnBW sème le trouble après un passage éclair dans le solaire allemand

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équipée de capteurs solaires, le 02 août 2006 à Freiamt en Allemagne (Photo : Ilan Garzone)

[30/03/2010 12:54:16] BERLIN (AFP) Que se passe-t-il chez Solar Millennium, une étoile du système solaire allemand? Le patron Utz Claassen, ancien chef de l’électricien EnBW dont le français EDF détient 45%, a subitement claqué la porte, précipitant le groupe d’énergie solaire dans la tourmente.

Utz Claassen, 46 ans, a fait un passage éclair à la tête de cette PME qui développe des installations solaires: arrivé le 1er janvier, il a tenu la barre 74 jours puis invoqué mi-mars une clause de réflexion et plié bagage.

Le cours de l’action, cotée sur le marché libre de la Bourse de Francfort, s’était aussitôt écroulé.

Solar Millennium avait dit ignorer les raisons de ce départ soudain, alors que les spéculations allaient bon train, y compris sur l’état de santé du bouillonnant dirigeant, entré sur la scène publique en 1981 comme meilleur bachelier d’Allemagne.

Balivernes, rétorque aujourd’hui Claassen, sorti de son mutisme. Dans une interview au Tagesspiegel de lundi, il a expliqué se porter comme un charme et avoir résumé dans un rapport de 27 pages ses raisons de quitter Solar Millennium, “très bien connues” du directoire et du conseil de surveillance.

Ce rapport détaille les “procédures, processus et toile de fond” du groupe, a-t-il dit, suggérant des tours de passe-passe dans le bilan de l’entreprise. S’il a démissionné, c’est pour “rester fidèle à ses principes”.

Un magazine économique avait déjà évoqué des stratagèmes peu orthodoxes chez Solar Millennium. Ce que l’entreprise nie. Le parquet de Nuremberg-Fürth (sud) a toutefois ouvert une enquête préliminaire.

Utz Claassen dit avoir renoncé à porter plainte en raison d'”un manque d’indices sûrs concernant des actions pénalement répréhensibles”. Il faut, selon lui, distinguer entre “condamnable, illicite et douteux”, alors que le cabinet d’audit Deloitte doit contrôler les comptes.

Il a proposé à son ancien employeur de briser son devoir de réserve et de tenir une conférence de presse au nom de “la transparence publique”.

Mais Solar Millennium aimerait surtout voir la couleur du rapport. Sur son site internet, l’entreprise fustige la démarche “regrettable” de son ancien patron, qui “ne sert ni l’entreprise ni ses partenaires, pas plus que les salariés et les investisseurs”.

De fait, après l’interview, l’action Solar Millennium s’est effondrée lundi de 10% et le plongeon se poursuivait mardi. Le titre qui valait près de 44 euros en début d’année ne valait plus que 17,94 euros à 12H10 GMT (-4,83%).

Utz Claassen devait présenter sa stratégie mi-avril et affichait pour Solar Millennium de grandes ambitions de croissance, grâce notamment à des investissements dans des installations aux Etats-Unis. La société, qui a dégagé en 2008/2009 quelque 200 millions d’euros de chiffre d’affaires, est aussi engagée dans le gigantesque projet Desertec de centrales solaires en Afrique et au Moyen-Orient.

“Qui ment dans l’affaire Solar Millennium?”, s’interrogeait mardi le Handelsblatt.

Claassen, un dirigeant haut en couleurs connu pour son efficacité mais aussi pour ses colères, a été dans le collimateur de la justice. Il avait été un temps soupçonné de falsification de bilan chez EnBW mais l’enquête avait été classée. Accusé de clientélisme pour avoir offert des billets de matches de football à des hommes politiques en 2006, il avait été acquitté.

Après avoir travaillé pour Volkswagen, notamment dans sa filiale espagnole Seat, ce proche de l’ancien chancelier social-démocrate Gerhard Schröder avait pris la tête d’EnBW en 2003.

Il a nettement redressé la rentabilité du troisième producteur d’énergie allemande, grâce à une sérieuse restructuration.