Le secteur bancaire irlandais se prépare à un grand chambardement

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écoute le Premier ministre irlandais Brian Lenihan (D) le 7 avril 2009 à Dublin (Photo : Str)

[30/03/2010 13:10:41] DUBLIN (AFP) Le secteur bancaire irlandais se prépare à un “big bang”, le gouvernement s’apprêtant à annoncer mardi la nationalisation totale ou partielle de plusieurs établissements, parallèlement au lancement de la NAMA, la banque de défaisance chargée de racheter leurs prêts “pourris”.

Le ministre des Finances Brian Lenihan a expliqué, sur la radio publique RTE, qu’il dévoilerait ce mardi un plan de sauvetage visant à recapitaliser les banques du pays, ce qui d’après la presse devrait entraîner la nationalisation complète ou partielle de plusieurs d’entre elles.

Une série d’annonces concernant ce plan de recapitalisation, et la mise en place de la National Asset Management Agency (NAMA), la banque de défaisance créée par Dublin pour racheter leurs actifs pourris aux banques du pays, est attendue en fin d’après-midi.

M. Lenihan en a dressé les grandes lignes en affirmant qu’il s’agissait de “remettre d’aplomb nos banques”, et de les aider à tirer un trait sur la crise financière.

“Nous avons un secteur bancaire en position très difficile depuis septembre 2008”, c’est-à-dire la chute de la banque d’affaires Lehman Brothers, “et nous devons remettre nos banques dans une situation où elles seront en mesure de se financer avec confiance sur les marchés internationaux”, a-t-il dit.

L’Irlande est l’un des pays développés les plus touchés par la crise. Le pays a été le premier membre de la zone euro à entrer en récession début 2008, et y est resté plongé depuis. L’activité économique a subi une chute record de 7,1% en 2009, et les autorités ne tablent sur un retour de la croissance qu’au deuxième semestre de cette année.

Dans ce contexte, les banques irlandaises auraient besoin de 15 à 20 milliards d’euros pour renforcer leurs fonds propres asséchés par ce cataclysme d’ampleur sans précédent pour l’ex-“Tigre celtique”.

Elles pourraient lever une partie de cette somme elles-mêmes, en procédant à des cessions d’actifs, mais c’est le gouvernement qui devrait régler le gros de la facture.

D’après le quotidien Irish Times, il va porter sa participation au capital de la banque cotée Allied Irish Banks (AIB) à plus de 70%, et celle dans sa concurrente Bank of Ireland (BofI) à 40%.

L’Etat détient pour le moment l’équivalent de 16% d’AIB et 25% de BofI, après avoir apporté à chacune 3,5 milliards d’euros de capitaux frais. Il avait déjà l’an dernier nationalisé totalement leur rivale Anglo Irish Bank.

Le gouvernement pourrait également prendre au passage le contrôle de deux établissements de crédit mutualistes, l’Irish Nationwide et l’EBS.

Ce plan pourrait donc aboutir à donner au gouvernement le contrôle total ou partiel de cinq des principaux groupes bancaires irlandais.

Paralèllement, la NAMA devrait lancer le rachat de la première tranche des quelque 80 milliards d’euros d’actifs pourris dont elle doit délester les banques irlandaises. Il s’agit pour l’essentiel de prêts immobiliers risqués accumulés avant l’éclatement de la crise du crédit, qui génèrent de lourdes pertes pour leurs détentrices.

Mais le prix de rachat de cette première tranche pourrait comprendre une décote très supérieure aux 30% jusqu’ici évoqués, car les banques concernées (principalement AIB, BofI et l’Anglo Irish Bank) voudraient se défaire en priorité de leurs actifs les plus toxiques, ce qui aurait poussé la NAMA à négocier des rabais bien plus élevés.

En attendant ces annonces-choc, AIB et BofI dégringolaient à la Bourse de Dublin, après avoir déjà chuté lundi. Vers 12H15 GMT, AIB s’effondrait de 16,63% à 1,138 euro, et Bank of Ireland reculait de 2,41% à 1,215 euro.