écoute le Premier ministre irlandais Brian Lenihan (D) le 7 avril 2009 à Dublin (Photo : Str) |
[30/03/2010 17:43:53] DUBLIN (AFP) Le ministre irlandais des Finances Brian Lenihan a dévoilé mardi un plan de sauvetage bancaire, qui verra l’Etat apporter 8,3 milliards d’euros à la banque nationalisée Anglo Irish Bank, aider à se recapitaliser AIB et BofI, et nationaliser deux banques mutualistes.
“Après avoir stabilisé nos finances publiques, nous devons avancer vers l’étape finale de la stabilisation de notre système bancaire”, a expliqué le ministre devant le Parlement.
M. Lenihan a martelé que la nationalisation totale ou partielle de cinq des plus grandes banques du pays, à laquelle ce plan devrait aboutir, était “la moins pire des solutions”.
Dans le détail, l’Etat va injecter 8,3 milliards d’euros de capitaux supplémentaires dans l’Anglo Irish Bank, établissement qu’il avait nationalisé début 2009. Le ministre a ajouté qu’elle aura peut-être encore besoin d’une dizaine de milliards d’euros de capitaux après cette injection, pour mener à bien sa restructuration.
L’Etat va également aider à se recapitaliser les groupes bancaires cotés Allied Irish Banks (AIB) et Bank of Ireland (BofI), après avoir déjà apporté à chacun 3,5 milliards d’euros.
Du coup, il devrait devenir “l’actionnaire majoritaire” d’AIB, dont il détenait déjà 25% du capital, et devrait “rester actionnaire minoritaire” de BofI, dont il possède actuellement 16%.
Enfin, le gouvernement va également recapitaliser deux établissements de crédit mutualistes, de taille bien plus modeste, l’Irish Nationwide et l’EBS, ce qui va conduire à leur nationalisation de facto, a ajouté M. Lenihan.
Le ministre a souligné que ces décisions seraient soumises à l’accord de la Commission européenne, qui devra veiller à ce qu’elles respectent bien le droit communautaire sur les aides d’Etat.
Ce plan de sauvetage massif a été précipité par la mise en place de la National Asset Management Agency (NAMA), la banque créée par Dublin pour délester les groupes bancaires irlandais de leurs actifs pourris, à savoir des prêts risqués accumulés avant la crise du crédit.
La NAMA a annoncé ce mardi qu’elle allait racheter d’ici à début avril aux cinq banques visées par le plan de sauvetage gouvernemental un premier bloc de prêts toxiques, d’une valeur nominale de 16 milliards d’euros, avec une décote énorme, qui atteindra 47%, sur un montant total de 81 milliards prévus d’ici à début 2011.
Or, cet énorme rabais (bien supérieur à la décote de 30% envisagée à l’automne dernier) va générer d’énormes pertes pour les banques actuellement détentrices de ces prêts, d’où la nécessité urgente de renforcer leurs fonds propres, avec l’aide de l’Etat.
La Banque centrale irlandaise (chargée de la supervision du secteur bancaire) a en effet estimé ce même jour que les banques irlandaises devaient disposer d’un niveau de fonds propres de 8% minimum, ce qui va les obliger à lever des sommes colossales pour compenser le transfert de leurs actifs risqués à la NAMA. Elle a évalué les besoins d’AIB à 7,4 milliards d’euros, et ceux de BofI à 2,7 milliards.