Le secteur du bâtiment s’attend à perdre près de 30.000 emplois cette année

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Un artisan sur une maison en construction, le 11 mars 2009 (Photo : Paul J. Richards)

[31/03/2010 17:24:24] PARIS (AFP) Le secteur du bâtiment, l’un des principaux pourvoyeurs d’emplois en France, s’attend à perdre près de 30.000 postes cette année et a enterré tout espoir de reprise avant la fin 2010 malgré les mesures du plan de relance.

“Je tire la sonnette d’alarme car aucune embellie n’est attendue dans le secteur avant la fin 2010”, a déclaré mercredi Didier Ridoret, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), lors d’une conférence de presse.

En effet, le secteur devrait enregistrer en 2010 une baisse d’activité de 3% par rapport à 2009 et perdre entre 25.000 et 30.000 emplois, selon M. Ridoret.

En 2009, le bâtiment a déjà accusé une baisse de 8% de son chiffre d’affaires par rapport à l’année précédente à cause notamment “d’une baisse des prix rarement atteinte”, et a perdu en douze mois 50.400 emplois sur un total de près de 1,2 million de salariés et 82.000 intérimaires équivalent temps plein, a affirmé le président de la FFB.

Pourtant “il est indéniable que le plan de relance et les mesures d’accompagnement ont porté leurs fruits. Le nombre de postes sauvegardés grâce à ces coups de pouce serait proche de 30.000 en 2009 et de 25.000 en 2010”, a ajouté le président de la FFB.

Pour la principale organisation patronale du secteur, le recul du chiffre d’affaires aurait, sans ces mesures, “certainement avoisiné les 10% en 2009 et 5% en 2010, au lieu des 8% et 3% prévus”.

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ériode décembre 2009/février 2010

Malgré une très légère remontée des carnets de commandes (6,9 mois à fin mars contre 6,3 mois à fin décembre 2009 pour le gros oeuvre), les craintes persistent car si les promoteurs immobiliers ont beaucoup plus vendu de logements en 2009, leurs prévisions de mises en chantier pour 2010 sont inférieures à l’an dernier.

Mais le marché de l’amélioration-entretien (-2,5% en volume en 2009 contre -1,6% prévu originellement) devrait bénéficier des mesures prises suite au Grenelle de l’Environnement, notamment grâce aux 100.000 éco-prêts à taux zéro (PTZ) accordés à des particuliers.

Pour préserver autant que possible l’emploi, la FFB réclame donc sept mesures à court terme comme le maintien jusqu’à la fin de l’année du doublement du Prêt à taux zéro pour les ménages modestes achetant des logements neufs, mesure du plan de relance qui a déjà été prolongée de six mois jusqu’à fin juin.

Les entrepreneurs de bâtiment souhaitent également “préserver le dispositif Scellier” pour les investisseurs achetant des logements pour les louer “tant que le secteur ne connaît pas de réelle reprise” et le maintien de la TVA à 5,5% pour les travaux d’amélioration-entretien alors que celle-ci doit repasser à 19,6% en 2011.

Interrogé sur le plan du gouvernement sur une “remise à plat” de l’ensemble des aides à l’accession à la propriété, M. Ridoret s’y est déclaré favorable.

“Il est intéressant de repenser le système en entier car le système de déduction des intérêts d’emprunt, cher au président de la République à une autre époque, n’apporte pas beaucoup de bonus”, a expliqué le président de la FFB pour justifier son soutien au projet du secrétaire d’Etat au Logement Benoist Apparu.

Cette dernière mesure a en effet l’inconvénient d’avoir un coût très lourd pour les finances publiques (280 millions d’euros en 2008, 1 milliard en 2009, 1,5 milliard en 2010 et près de 3 milliards en 2013), selon Gilles Carrez, rapporteur UMP de la commission des Finances de l’Assemblée nationale.