Tunisie – Finance : Tunis Ré

 

Tunis Ré, première compagnie de réassurance à l’échelle nationale, a été créée
en 1981, par les autorités publiques pour consolider la rétention nationale, les
assureurs nationaux ayant eux-mêmes besoin d’une couverture en réassurances. Il
fallait donc maximiser la rétention nationale pour mettre à la disposition des
assureurs une capacité qui leur permette de limiter la sortie des devises à
l’étranger.

La compagnie tunisienne de réassurance est à participation publique et de
gestion privée. La part de l’Etat y est d’environ7% (dont 4,88% détenue en
portage par l’ETAP), celle d’autres entreprises publiques est aussi importante,
la
BNA, à elle seule, en détient 20%, les compagnies d’assurances, 38,31% et les
banques le reste.

tunis-re-art.jpgTunis Ré est aujourd’hui notée ‘’B+ Good’’ par A.M. Best, la plus prestigieuse
agence de cote d’évaluation dans le domaine de l’assurance. L’agence a révisé au
mois de juillet 2009 les perspectives de Tunis Ré de stables à positives. La
compagnie de réassurance leader sur le marché tunisien réalise 70% de son
chiffre d’affaires sur le marché local, 30% sur le marché étranger dont 14% sur
le marché arabe, 7% sur le marché africain et le reste sur le reste du monde.

Elle n’a pu accéder à certains pays car ils exigent une notation de pas moins de
A, il n’empêche : «Nous sommes une référence sur le marché malgré une
concurrence ardue dans notre pays, nous sommes les premiers sur place», assure,
confiante, Lamia Ben Mahmoud, son président-directeur général.

Sa compagnie «a développé la compétence et l’expérience lui permettant de
fonctionner sous une contrainte principale : l’expansion du chiffre d’affaires
de qualité». En effet, Tunis Ré, qui n’a pas de privilèges ou d’avantages
comparatifs -les réassureurs internationaux étant très présents sur le marché
local- évolue dans un environnement totalement concurrentiel depuis sa création
et a réussi à s’imposer sur le marché national par la qualité de ses prestations
et la confiance qui lui est accordée par toutes les compagnies d’assurances
locales.

Tunis Ré est l’unique réassureur national dans la zone régionale qui évolue dans
un environnement aussi compétitif que celui de la Tunisie. Au Maroc, en Algérie
ou en Egypte, tout réassureur national tel la SCR Maroc ou la CCR d’Alger
(homologues à Tunis Ré) bénéficie d’une cession légale obligatoire : Le
législateur a mis en place un cadre juridique qui oblige les entreprises
d’assurance locales à se réassurer auprès du réassureur national dans des
proportions qui varient entre 10, 20 à 30%. Ce n’est pas le cas de Tunis Ré qui,
depuis sa création en 1981, agit dans un environnement totalement concurrentiel
sans aucune cession obligatoire dans un marché parfaitement libéralisé.

Une compagnie qui a les reins solides

Pour arriver à s’imposer à l’international et renforcer sa place en tant que
compagnie de réassurance solide et disposant de moyens techniques et financiers,
Tunis Ré a opté pour une introduction en Bourse.

«Pourquoi une augmentation de capital via une introduction en Bourse ? C’est
pour consolider nos fonds propres, élargir notre actionnariat, améliorer notre
activité et accroître notre notoriété», explique Madame. La capacité de Tunis Ré
est limitée avec actuellement un capital de 35 millions de dinars.
L’augmentation de son capital lui permettra d’accroître sa capacité financière
et ses fonds propres et de diversifier davantage ses activités sur le marché
local et international.

L’introduction en Bourse permettra également d’améliorer le rating de Tunis Ré
pour pouvoir s’imposer sur le marché local, très convoité parce qu’il n’est pas
d’une grande sinistralité, et à l’international face à des réassureurs leaders
de 1er ordre. Entre autres avantage, l’introduction en Bourse, de la compagnie
de réassurances, œuvrera pour une plus grande conformité aux règles de bonne
gouvernance et bonnes pratiques. Une entreprise cotée doit répondre à un certain
nombre de normes dont la transparence et la diffusion de l’information, ce qui
est valorisant pour l’image de la compagnie et se répercute positivement sur sa
notation par les agences de rating.

Etre bien noté est une preuve de la solidité d’une entreprise. Et Il ne se passe
pas une année sans que la compagnie nationale de réassurance ne fasse l’objet
d’un audit en bonne et due forme. «L’agence de notation vient au mois de juillet
analyser nos bilans, nos chiffres, nos réalisations ; elle peut améliorer la
notation tout comme elle peut la rétrograder. Nous espérons, pour notre part,
qu’avec l’augmentation du capital et l’introduction en Bourse, avoir plus de
chances pour percer sur de nouveaux marchés, difficilement accessibles pour
nous», indique Mme Ben Mahmoud.

Se déployer à l’international

Un plan de développement sur cinq ans a donc été mis en place, avec pour
objectif l’amélioration de la notoriété et de la notation de Tunis Ré, ce qui
est de nature à lui permettre de percer sur de nouveaux marchés et de
diversifier ses activités.

Ainsi, «notre plan de développement prévoit une externalisation sur la zone
régionale, nous prévoyons l’ouverture d’un bureau sur l’Afrique subsaharienne.
Nous sommes actuellement dans la phase de l’étude stratégique, nous choisirons
le pays le plus stable et le mieux situé pour nous y implanter».

Avec ses 80 employés et ses 80% de taux d’encadrement, Tunis Ré ambitionne de se
positionner en tant que référence reconnue dans le monde de la réassurance sous
la conduite d’une femme aussi compétente que passionnée de métier d’assureur et
de réassureur. Lamia Ben Mahmoud, avant de rejoindre l’unique compagnie de
réassurance dans notre pays, s’est fait les dents au ministère des Finance dans
ce qui est devenu aujourd’hui le Comité général des Assurances (CGA).

Toujours au chapitre des chiffres, en 2008, Tunis Ré a réalisé un chiffre
d’affaires de 59 millions de dinars ; pour l’année 2009, on s’attend à un
chiffre d’affaires de plus de 60 millions de dinars. Sa présidente est décidée à
renforcer et consolider la place de la compagnie en tant que réassureur leader à
l’échelle nationale et conquérir de nouveaux marchés en se positionnant
honorablement sur les plans régional et international, mais comme elle
l’explique si bien «au-delà de la couverture en assurance ou réassurance, c’est
l’assistance technique, l’information, la présence et la formation que nous
cherchons à fournir à nos clients. Nous formons sur les techniques d’assurances,
sur les modalités de souscription, l’information, l’expertise métier, c’est une
assistance que nous offrons parallèlement à nos autres services».

Sur le marché local, Tunis Ré gère trois pools pour le compte de tout le secteur
des assurances, à savoir le pool de la responsabilité civile décennale en
matière de construction, le pool de la flotte nationale aérienne, et le pool
maritime. Elle assiste le secteur dans l’analyse et la tarification des risques…
La compagnie compte se développer sur le marché international.

Quand elle parle de s’implanter à l’international, Lamia Ben Mahmoud le dit avec
un tel naturel que l’on s’y voit déjà, en Afrique, dans les pays du Golfe, en
Asie …, mais c’est dans l’ordre des choses, l’histoire de la Tunisie n’est-elle
pas jalonnée de femmes conquérantes ?

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