Cybercriminalité : la difficile traque des sites internet illégaux de jeux

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Un clavier d’ordinateur (Photo : Joël Saget)

[01/04/2010 15:37:04] LILLE (AFP) En plein débat à l’Assemblée nationale sur l’ouverture de la concurrence des paris en ligne, le 4e forum international sur la cybercriminalité à Lille a souligné jeudi les difficultés de traquer les sites illégaux de jeux, dont certains sont liés au blanchiment d’argent.

Il existe “25.000 sites de jeux d’argent” sur internet dans le monde et “un vrai filtrage est impossible”, avertit Cyril Lévy, spécialiste des questions de sécurité liées aux jeux en ligne, lors d’un débat d’experts réunis dans la capitale du Nord.

Entre changements d’adresses et astuces informatiques, les ressources des opérateurs de jeux “sont énormes” et les poursuivre s’apparente au “jeu du chat et de la souris”, explique-t-il.

Le gouvernement a présenté cette semaine, en seconde lecture à l’Assemblée nationale, un projet de loi très attendu par les opérateurs et ouvrant à la concurrence les paris sportifs et hippiques et le poker en ligne. L’Assemblée et le Sénat ont déjà voté en première lecture ce texte que le gouvernement veut à tout prix boucler avant la Coupe du monde de football (11 juin-11 juillet).

A Lille, tous les intervenants sont convenus, à l’instar du sénateur UMP François Trucy, rapporteur du projet de loi, qu’il faudra “sanctionner durement ceux qui resteront dans l’illégalité, jusqu’ici la plus rentable”.

Mais il faudra d’abord détecter les sites “illégaux”, c’est-à-dire non conformes avec la future législation, prévient Frédéric Epaulard de la mission de préfiguration de l’Autorité de régulation des jeux en ligne (ARJEL), une instance pas encore créée et qui dépendra du ministère du Budget.

Il s’agit de “tous les sites qui n’ont pas reçu un agrément et qui s’adressent à la population française”, selon M. Epaulard. Hébergés parfois à l’étranger, ils peuvent être considérés comme s’adressant à un public français, soit par la langue, soit par les paris proposés, comme sur les matches de football de la ligue 1 du championnat de France.

Une fois le site illégal identifié, l’ARJEL aura trois moyens de répression.

D’abord, l’interdiction de faire de la publicité sur tous les médias, y compris sur internet. Ensuite, la possibilité de saisir le président du Tribunal de grande instance (TGI) de Paris, compétent dans ce domaine, pour faire interdire aux fournisseurs internet l’accès à ce site.

Enfin, la disposition peut-être la plus efficace, “interdire la possibilité de transferts des comptes de l’opérateurs vers ceux du joueur” en cas de gain.

Admettant qu'”aucune mesure n’est parfaite”, M. Epaulard pense qu’avec cet arsenal on parviendrait quand même à “éliminer tous les sites (illégaux) s’adressant à un large public”.

Bien sûr, reconnaît l’expert, il y aura toujours des sites spécialisés “qui occupent certaines niches du marché et qui pourront échapper” à la répression. D’autres intervenants plaident toutefois pour “ne pas transformer les fournisseurs d’accès internet en auxiliaires de police”.

Le 4e forum international sur la cybercriminalité (FIC 2010), qui a duré deux jours mercredi et jeudi, avait pour thème central cette année “la mobilisation européenne et internationale pour la lutte contre la cybercriminalité”.