ésident de la Commission européenne Jose Manuel Barroso et le Premier Ministre estonien Andrus Ansip le 24 mars 2010 à Bruxelles (Photo : Georges Gobet) |
[02/04/2010 06:16:04] TALLINN (AFP) L’Estonie est bien décidée à adopter l’année prochaine la monnaie européenne en dépit de la profonde crise que vit la zone euro, et pour cette petite ex-république soviétique, il n’est pas là question que d’économie.
C’est un symbole majeur que voit en l’euro ce pays des bords de la Baltique, situé à l’extrême nord-est de l’Union européenne à laquelle il a adhéré en 2004, après son divorce de l’URSS en 1991, a souligné le Premier ministre estonien au cours d’une interview accordée à l’AFP.
“Pour nous, il est vraiment question d’être plus intégrés encore au monde démocratique, grâce à l’euro”, a déclaré Andrus Ansip.
Tallinn s’est attiré les louanges de Bruxelles et du Fonds monétaire international (FMI) pour son respect des critères d’adoption de l’euro et n’est pas découragé par les déboires grecs de ce club de 16 pays.
L’Estonie est à présent bien habituée à la stricte discipline budgétaire imposée à tout pays qui ambitionne d’y entrer, ont déclaré au cours d’interviews accordées à l’AFP les responsables politiques et économiques estoniens.
Ce pays de 1,3 million d’habitants espérait adopter l’euro en 2007 mais il a été sanctionné pour son inflation trop élevée. L’UE doit prendre une décision en juillet pour une adhésion le 1er janvier 2011.
“Une adoption de l’euro est logique pour ce pays balte qui a mené sa politique comme s’il faisait déjà partie de la zone euro”, commentent les analystes de la banque américaine Goldman Sachs dans une note.
“Une réponse positive enverrait un signal très fort aux autres nouveaux membres de l’UE en montrant que les portes du club de l’euro restent ouvertes aux candidats éligibles”, ajoutent-ils.
En lice aussi, les deux voisines de l’Estonie, durement frappées par la crise, la Lettonie et la Lituanie qui vise 2014.
“90% des transactions bancaires en Estonie se font par l’internet et la majorité des crédits étant contractés en euros, les gens savent tout sur l’euro”, a fait remarquer M. Ansip. De plus, la couronne estonienne est liée à à la monnaie européenne par un taux fixe.
“L’euro, c’est la cerise sur le gâteau”, a lancé le gouverneur adjoint de la Banque centrale, Marten Ross.
“Rejoindre la zone euro ne changera pas grand-chose au niveau technique et pratique mais c’est un message très important, disant que nous avons un cadre macroéconomique très stable et compétitif”, a déclaré à l’AFP le ministre de l’Economie Juhan Parts.
“Ce serait, je pense, un signal très positif, a-t-il insisté, et souvent cela compte plus encore que les mesures pratiques”.
“Grâce à un effort extraordinaire à tous les niveaux de l’Etat, en particulier lors des derniers mois de l’année, le déficit budgétaire pour 2009 a été limité à un niveau bien inférieur aux critères de Maastricht”, a relevé le FMI fin mars.
Le traité de Maastricht (1992) fixe une série de tests centrés sur l’inflation, les finances publiques, la dette et la stabilité des taux de change.
Tallinn s’est imposé de douloureuses mesures d’austérité pour parvenir à surmonter ces obstacles. “Nous pouvons dire aujourd’hui que nous remplissons tous les critères”, a dit M. Parts.
L’opinion publique, elle, reste partagée. Un sondage de janvier donne 47% d’Estoniens pour l’euro et 41% contre.
“Je pense que, par opposition à l’exemple grec, l’Estonie pourrait donner à la zone euro l’exemple positif de la façon dont un pays peut être très responsable dans le maintien de ses finances publiques à un niveau fiable”, a déclaré le ministre de l’Economie.
La Grèce avait fourni pour son adhésion en 2001 des informations qui se sont révélées falsifiées.