Islande : avec la crise, le tourisme prospère plus que jamais

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à 40 km de Reykjavik, en Islande, le 26 avril 2009 (Photo : Olivier Morin)

[02/04/2010 07:58:42] BLUE LAGOON DE GRINDAVIK (Islande) (AFP) Elle barbote par un froid glacial dans les eaux chaudes turquoise du Blue Lagoon, une irréelle station thermale islandaise entourée de roches noires volcaniques:”c’est post-apocalyptique, tellement dépaysant!”, s’exclame Elouise Carden.

Comme cette jeune Londonienne et son compagnon Daniel, ils sont cette année des centaines de milliers de touristes à avoir choisi la sauvage et volcanique Islande, ruinée par la crise financière en 2008 et qui peine encore à se relever.

Perdue dans l’Atlantique nord aux confins du cercle polaire, l’île regorge de beautés naturelles: le spectacle des baleines rivalise avec celui des volcans, et l’été, le soleil ne se couche pratiquement jamais sur les fêtes animées de la capitale Reykjavik.

Avec l’effondrement de la couronne islandaise et un taux de change devenu très favorable, la crise a relancé le tourisme et les visiteurs affluent.

“L’Islande est vraiment en train de devenir une destination populaire en Angleterre, les gens réalisent que c’est moins cher”, raconte Elouise, venue y passer quelques jours en amoureux.

“On a même eu un peu peur en voyant la longue queue à l’entrée” du Blue Lagoon, à 40 kilomètres de Reykjavik, concède en souriant cette Anglaise de 28 ans, venue se détendre dans les eaux bienfaisantes chargées de silice.

Alors qu’ailleurs sur la planète, 2009 a été une année noire pour le tourisme foudroyé par la crise, le Blue Lagoon, à l’image de toute l’Islande, a affiché une fréquentation record l’an passé. Elle devrait être de nouveau nettement battue cette année.

Le nombre de visiteurs étrangers dans l’île a bondi de près de 12% à plus de 1,23 million, soit quatre fois la population islandaise, les Allemands arrivant en tête, devant les Français et les Britanniques.

La crise a eu un effet positif sur le tourisme et l’Islande en profite doublement. Avec les étrangers qui affluent, attirés par des prix bas et avec les Islandais qui restent au pays pour leurs vacances, pénalisés par des billets d’avion prohibitifs, indexés sur les devises étrangères.

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éruption (Photo : Halldor Kolbeins)

Même la géologie a donné un coup de pouce providentiel : l’éruption le 21 mars d’un petit volcan du sud de l’Islande l’a transformé en l’espace de quelques jours en une fantastique attraction où se massent les curieux, venus admirer le spectacle du jaillissement de la lave en fusion.

“J’espère que l’éruption va se poursuivre, parce que c’est très bon pour les affaires”, se réjouit Ingi Thor Jakobsson, le patron de l’hôtel de luxe Ranga, voisin du volcan Fimmvorduhals.

Avec la pêche, le tourisme est l’espoir de l’économie islandaise qui a été brutalement ruinée en octobre 2008 par la faillite de ses banques jadis florissantes.

Englué dans un litige bancaire avec Britanniques et Néerlandais, le ministre des Finances n’hésite pas à jouer les rabatteurs.

“J’invite chaleureusement mes amis britanniques et néerlandais à se joindre au +boom+ du tourisme. Aidez nous à récupérer notre argent!”, lance Steingrimur Sigfusson, hilare.

Sacrée “destination au meilleur rapport qualité-prix 2010” par le célèbre guide de voyages Lonely Planet, l’Islande regorge de bonnes affaires comme, par exemple, de succulents plats de poisson pour moins de 1.500 couronnes (10 euros).

Mais à l’image du Blue Lagoon, beaucoup de sites touristiques ont pris les devants en fixant leurs prix…en euros.

“Ah bon? Les prix ont baissé? On ne dirait pas!” s’étonne Peter Iu, un Hongkongais de 48 ans, en passant à la caisse de la cafétéria.

Furieux de voir exploser le prix de leurs thermes nationaux à 23 euros l’entrée, les Islandais se jettent désormais sur les bons d'”une entrée gratuite pour une payée” opportunément annoncés dans les journaux par le Blue Lagoon.

“Sinon on n’aurait plus les moyens d’y aller”, explique Sigrun Jona Norddahl, une jeune étudiante venue faire trempette.