Yuan chinois : le Trésor américain ne tranche pas sur les taux de change

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é de banque chinois compte des dollars et des yuans, le 9 mars 2010 à Hefei, dans l’est du pays

[03/04/2010 18:49:20] WASHINGTON (AFP) Le département du Trésor américain a annoncé samedi le report sine die de la publication de son rapport semestriel sur le taux de change des devises étrangères, ce qui lui permet de ne pas trancher pour l’heure la question de savoir si la Chine manipule le yuan.

Le secrétaire au Trésor Timothy Geithner a indiqué dans un communiqué avoir reporté cette publication, initialement prévue le 15 avril, pour pouvoir faire valoir le point de vue de Washington par d’autres moyens, lors des différentes rencontres avec ses homologues étrangers prévues ces prochains mois.

“Je pense que ces rencontres sont le meilleur moyen de faire valoir les intérêts des États-Unis aujourd’hui”, a-t-il expliqué.

La position des États-Unis sur le yuan, la monnaie de son deuxième partenaire commercial, la Chine, est la plus attendue dans ce rapport. Dans la dernière version en date, en octobre, Washington s’était abstenu d’accuser la Chine de manipulation, tout en qualifiant le taux de change de rigide et sous-évalué.

Ce taux de change, qui ne bouge plus depuis l’été 2008, est un sujet de polémique récurrent entre les deux pays. De nombreux parlementaires américains plaident pour que le gouvernement accuse ouvertement la Chine de manipulation, ce qui permettrait d’ouvrir la voie à d’éventuelles sanctions commerciales.

M. Geithner a précisé qu’il voulait tenter de convaincre la Chine de laisser le yuan flotter plus librement.

“Une évolution de la Chine vers un taux de change davantage déterminé par le marché apportera une contribution essentielle au rééquilibrage mondial”, a-t-il considéré.

“Il y a une série de réunions au plus haut niveau ces trois prochains mois qui seront cruciales pour mettre au point des politiques qui contribueront à créer une économie mondiale plus forte, plus viable et plus équilibrée”, a souligné M. Geithner.

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étaire au Trésor américain, Timothy Geithner, le 31 mars 2010 à Pittsburgh, en Pennsylvanie (Photo : Jeff Swensen)

Il a cité une réunion des ministres des Finances des pays riches et émergents du G20 à la fin avril, en marge des assemblées de printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale à Washington, et une réunion du Dialogue stratégique et économique Chine/États-Unis en Chine le mois suivant.

Enfin, les chefs d’États et de gouvernement du G20 doivent se retrouver lors d’un sommet à Toronto (Canada) en juin.

M. Geithner a de nouveau exposé les arguments de Washington en faveur d’une réévaluation du yuan.

“Les économies présentant un excédent (de leur balance des paiements, ndlr) avec des taux de change rigides devraient contribuer à une croissance mondiale élevée et durable et à un rééquilibrage en combinant des efforts politiques pour renforcer la demande intérieure avec une plus grande souplesse du taux de change”, a-t-il expliqué.

Selon lui, “c’est particulièrement vrai en Chine”, pays accusé par ses partenaires commerciaux de maintenir un taux de change artificiellement bas pour gagner des marchés à l’exportation et désavantager les importations sur son marché intérieur.

“La persistance de la Chine à maintenir un taux de change fixe a demandé des volumes de plus en plus élevés d’interventions sur le marché. De plus, le taux de change rigide de la Chine a rendu difficile pour les autres économies émergentes de laisser leur monnaie s’apprécier”, a affirmé le secrétaire au Trésor.

Le “Rapport semestriel sur les politiques internationales économiques et de taux de change”, son nom officiel, est destiné au Congrès américain. Une loi de 1988 prévoit qu’un rapport soit publié “chaque année le 15 octobre ou avant cette date”, et mis à jour “six mois après”.

Aucun rapport depuis 1994 n’a dénoncé de pays comme manipulant sa monnaie.