Le système d’information est, certes, un enjeu technologique de taille, mais qui
est à portée. Il pose toutefois la question du renouveau commercial du métier.
Et ce défi marketing est la partie noble du travail, qui va arbitrer la
concurrence sur la place.
L’Association des anciens diplômés de l’Institut des Techniques de Banque de
Paris (AD –ITB) a fait rebondir le débat sur la question cruciale pour l’avenir
du
secteur bancaire, à savoir le système bancaire et ses retombées sur le
métier.
Une option réglée
Pendant longtemps, le débat sur la place avait opposé les adeptes du global banking, système prêt à l’emploi qu’on mettait en exploitation dans un délai
raisonnable, parce qu’on pouvait le paramétrer rapidement avec un effectif
réduit d’informaticiens, et les partisans du développement en intra, qui
préféraient concevoir, avec des équipes nombreuses d’informaticiens des
logiciels sur mesure selon un schéma directeur maison. Tout en parvenant à des
résultats probants, la solution n’était jamais globale et le système ne
possédait pas une cohérence d’ensemble.
A présent, les banques ont convenu d’un système mixte où elles consentent via
l’acquisition d’un noyau central à intégrer, on dit actuellement urbaniser leurs
logiciels avec d’autres, fin prêts, et la solution devient globale. Il leur faut
tout simplement adapter les applications avec leur réseau de points de vente et
le tour est joué.
Un impératif économique
La banque de détail, notamment, est un secteur qui s’industrialise. Les flux
d’opérations et d’écritures sont denses et nécessitent d’être canalisés dans des
délais très courts et à des coûts très bas. Le basculement vers les IT permet
d’obtenir des rendements d’échelle, ce qui répond à un impératif économique.
La clientèle, toujours plus exigeante, réclame tout le temps des baisses de
tarifs du moins sur les prestations récurrentes, exigence à la fois légitime et
recevable. Le Web, disent les spécialistes, a permis d’engranger des économies
de charges substantielles outre ce confort suprême de permettre aux clients de
bénéficier du temps réel pour l’exécution des opérations et jusque dans la
génération instantanée des écritures.
La banque «multicanal»
On avait longtemps spéculé sur la fin de la banque physique, or la voilà qui
prouve sa résilience… Mais cette résistance n’empêche pas la banque directe de
progresser et la cohabitation se passe bien. La banque directe est une réalité à
l’heure actuelle. Le dispositif multicanal existe bel et bien. Il est venu
progressivement via les
GAB, puis la téléphonie mobile grâce au serveur vocal.
Il s’est étendu au
e-banking à travers le Web avec la prolifération de
l’Internet ; et à l’heure actuelle, on le voit migrer vers le mobile-banking et
on voit le portable supplanter le PC.
L’intelligence économique
Ce qu’il faut retenir est que la partie technologique est la partie visible. Un
système d’information est bicéphale. Il comprend la partie ordinaire, celle de
base de données (dataware House). Celle-là qui stocke et centralise toutes les
données sur un même client. Un chargé d’affaires sur un simple clic découvre les
engagements et les dépôts ainsi que toutes autres données nécessaires sur un
client. Mais la deuxième propriété du système est qu’il comprend une partie
intelligente (Datamining House) dont la fonction est d’analyser les
comportements imperceptibles du client et de les combiner pour voir quels
services on peut proposer au client. Et à ce stade, la banque se met en posture
prédictive par rapport à son client, ce qui est un atout formidable de
fidélisation, comprenez de captation du client. Deux exemples fort connus ont
été imaginés ainsi, à savoir
l’épargne–chèque et la carte à débit différé.
L’enjeu commercial
Il ne s’agit nullement de dévaloriser la partie Hard du système. N’oublions pas
que c’est grâce à elle que les chargés de clientèle réaliseront des gains de
productivité. Mais la Data mining sera la pièce clé car c’est d’elle que
dépendra la partie «innovation» laquelle va rythmer les jeux de la concurrence
sur la place. En réalité, le tandem dataware/DataMining assure un couple magique
de rentabilité-compétitivité. C’est ce qui fait que demain, même une banque
modeste, une fois la libéralisation des services établie, peut tenir tête aux
enseignes internationales car elle peut préserver des parts de marché et un
niveau convenable de rentabilité. La taille critique ne jouera qu’au plan
financier car une banque de taille modeste est opérable et peut être rachetée,
mais au plan de l’exercice de l’activité, la réussite du basculement vers un bon
système d’information urbanisé est une garantie d’existence.