à Hanoi le 5 avril 2010 (Photo : Hoang Dinh Nam) |
[06/04/2010 06:04:38] HANOI (AFP) L’Asie du Sud-Est (Asean) rêve de constituer un marché unique, mais son intégration économique patine: un accord de libre échange avec la Chine divise ses membres, Etats-Unis et Union européenne privilégiant des accords commerciaux restreints à quelques pays du bloc.
L’ambitieux projet de création, d’ici à 2015, d’une communauté économique de l’Asean (AEC) devrait occuper une bonne partie des débats du sommet de ses dirigeants jeudi et vendredi dans la capitale vietnamienne Hanoï.
Un peu sur le modèle de l’Union européenne (UE), l’intégration que veulent les dix du bloc va au-delà d’une zone de libre échange. Elle passerait aussi par des réseaux ferrés, aériens mieux interconnectés et une libre circulation des personnes et des capitaux.
Mais elle peine à prendre forme.
Les négociations commerciales avec les principaux partenaires de l’Association en témoignent.
Peu après l’entrée en vigueur, cette année, d’un vaste accord de libre échange avec la Chine, le plus grand pays de l’Asean, l’Indonésie, sous la pression de son industrie locale, a demandé à en renégocier certains termes.
Fin 2009, l’UE a elle renoncé à négocier un accord commercial global avec l’Association et décidé d’ouvrir des discussions avec quelques-uns de ses membres, individuellement. Une option également privilégiée par les Etats-Unis.
Hank Lim, de l’Institut d’Affaires internationales de Singapour, explique les approches européenne et américaine par les trop grands écarts de développement économique des membres de l’Asean.
à Kuala Lumpur le 28 févrire 2010 (Photo : AFP) |
“Il est impossible de négocier un accord de libre échange de qualité élevée avec les dix de l’Asean collectivement”, juge-t-il.
L’Asean regroupe, aux côtés de l’Indonésie et du Vietnam, Singapour, dont le revenu par habitant de 35.000 dollars (26.000 euros) et les gratte-ciels contrastent avec des pays encore extrêmement pauvres ou ruraux, comme le Laos et le Cambodge.
Il rassemble aussi le sultanat du Brunei, la Malaisie, les Philippines, la Thaïlande et la Birmanie, dans une mosaïque de régimes politiques qui compliquent encore les pourparlers commerciaux avec les Occidentaux.
Des sources diplomatiques reconnaissent que négocier en bilatéral avec quelques pays est aussi politiquement plus simple pour eux que de discuter avec un bloc qui compte la dictature militaire birmane, régime au ban de la communauté internationale.
Mais les limites de l’intégration économique de l’Asean s’observent aussi en interne.
L’ancien secrétaire général du bloc Rodolfo Severino souligne que la suppression des barrières tarifaires au sein du bloc fait son chemin. Au moins sur le papier.
Mais davantage doit être fait pour que l’intégration prenne réellement corps, a-t-il ajouté dans une tribune publiée la semaine dernière dans le quotidien singapourien Straits Times.
Selon lui, il faut notamment “construire des infrastructures de transport et télécommunication, démanteler les barrières politiques, économiques et techniques nécessaires à un flux efficace de biens, services, personnes et idées au sein de la région”.
“Cela supposerait un changement de perspective des gouvernements, du secteur des affaires et plus largement du public”, a-t-il poursuivi. Sortir de l’approche “étroitement nationale” pour une approche “régionale large”.