échiquier (ministre des Finances) du cabinet fantôme, le 5 avril 2010 à Londres. (Photo : Leon Neal) |
[06/04/2010 12:50:57] LONDRES (AFP) L’économie va être au coeur de la campagne électorale qui s’est ouverte mardi au Royaume-Uni, le Premier ministre Gordon Brown insistant sur la maîtrise dont il a fait preuve pendant la crise, tandis que l’opposition dénonce l’énormité de la dette accumulée pour en sortir.
Dès la confirmation de la date du 6 mai pour le scrutin, mardi, M. Brown et son challenger conservateur David Cameron, favori des sondages, ont placé le débat sur ce plan.
“Cette élection concerne l’avenir de notre économie”, a lancé ce dernier, ainsi que “l’avenir de notre société et de notre pays”. “Le Royaume-Uni est sur la voie de la reprise et nous ne devons rien faire pour mettre cette reprise en péril”, a rétorqué M. Brown.
Le Royaume-Uni a été particulièrement touché par la crise. Son produit intérieur brut (PIB) a baissé de 4,9% en 2009, un chiffre comparable à celui de l’Allemagne (-5%) mais pire que celui de la France (-2,2%).
Surtout, pour sortir de la crise financière, le gouvernement n’a pas lésiné sur les dépenses, faisant passer le déficit public de moins de 3% du PIB en 2007 à 11,4% en 2009, et la dette accumulée qui en découle d’un peu plus de 40% du PIB en 2007 à 68,1% en 2009, une progression encore non terminée.
M. Brown, qui s’est forgé une grande réputation d’économiste comme ministre des Finances de Tony Blair entre 1997 et 2007, se vante d’être celui qui a inventé un plan de sauvetage des banques certes coûteux, mais imité avec succès dans le monde entier.
Il s’est engagé à réduire le déficit de moitié en quatre ans, mais avec mesure, brandissant même mardi la menace “d’une double récession” en cas de précipitation.
çant, le 6 avril 2010 à Londres, devant le 10 Downing street, la date des élections générales, fixées au 6 mai (Photo : Ben Stansall) |
M. Cameron, sans l’attaquer directement sur son sauvetage des banques, critique la gestion selon lui trop dépensière des Travaillistes. Dernièrement, il a pris en ligne de mire une hausse de 1% des cotisations sociales prévue par le gouvernement pour l’an prochain.
M. Brown fait valoir qu’il n’est pas prudent de laisser les clés de la maison à des dirigeants inexpérimentés : “Prenons les bonnes décisions comme nous l’avons fait dans les dix-huit derniers mois et nous aurons de l’emploi, de la prospérité et une vie meilleure. Prenons les mauvaises et la vie de milliers de gens empirera”.
Pour M. Cameron au contraire, les Britanniques sont aujourd’hui devant “un vrai choix”, cinq ans de plus de “dette, d’impôts et de gaspillages supplémentaires”, ou la fin de tout cela grâce aux Conservateurs.
Ces sujets promettent d’animer la campagne, d’autant que les agences de notation ont laissé entendre qu’elles pourraient abaisser la note de crédit AAA du Royaume-Uni si le déficit ne se comble pas, ce qui serait ressenti comme une honte nationale.
Ainsi, les économistes ont commencé à se disputer sur le rythme auquel celui-ci devrait être réduit : vingt universitaires britanniques et américains de renom ont demandé en février dans le Sunday Times “un plan détaillé de réduction du déficit, plus rapide” que celui du gouvernement.
Quelques jours plus tard, 67 autres leur ont rétorqué dans le Financial Times “qu’un gouvernement responsable devrait éviter de commettre des actions dangereuses”, comme une réduction trop rapide du déficit.
La semaine dernière, ce sont 23 grands patrons, dont ceux de Marks & Spencer ou d’easyJet, qui s’en sont pris dans le Daily Telegraph à la hausse prévue des cotisations sociales.
Les marchés sont pour l’instant neutres dans cette bataille. Leur plus forte crainte est celle d’une élection qui ne dégagerait pas de majorité absolue entre les deux grands partis, au risque de retarder les grandes décisions économiques d’après-scrutin.