La Jeune Chambre Internationale de l’ENIT a organisé les 1er,
2 et 3 avril 2010 une manifestation intitulée ‘’Innovation technologique et
valorisation de la recherche scientifique’’. La journée de clôture de cet
événement a porté sur le thème ‘’Envie d’entreprendre’’, à laquelle ont été
associés plusieurs conférenciers venus d’horizons aussi différents que la sphère
publique ou parapublique (API, Centres d’affaires régionaux, Chambre de commerce
et d’industrie) et du secteur privé (Oxia,
Sigma Conseil, Innovation Industry
Center).
La conférence de M. Hassen Zargouni, directeur de SIGMA, a porté,
particulièrement, sur le thème des pré-requis de l’entreprenariat. En-voici
quelques idées-clés.
Le sens entrepreneurial s’aiguise par la constitution psychologique innée de
l’individu d’abord, au niveau de l’environnement familial
ensuite, par l’allant
culturel du candidat à l’entreprenariat, par l’intelligence sociale dont il fait
et fera preuve, par la maîtrise technique d’un ou de plusieurs métiers, et enfin
un engagement citoyen voire patriotique. Tels ont été en substance les pré-requis de l’entreprenariat, développés par M. Zargouni à travers son
expérience et ses observations sur le terrain.
L’autonomie, le sens de la débrouille, la gestion précoce de budgets personnels,
la pratique d’actes de vente et d’achat, fussent-ils minimes, en jeune âge, sont
les préludes et les marqueurs à terme d’une psychologie orientée business. Ces
traits de caractères, s’ils s’affirment de jour en jour forgeraient une
psychologie préparant le terrain à l’entreprenariat.
Vient ensuite le cadre familial. Si un des parents proches est dans le business,
avec une influence ‘’aspirationnelle’’ relativement forte sur l’individu, cela
facilite en effet son accès à l’entreprenariat. La curiosité forge l’esprit
entrepreneurial, d’après M. Zargouni. Aussi, la culture générale par la lecture
et l’accès permanent aux informations diverses, qu’elles soient d’ordre
politique, international, économique, social, médiatique, artistique,
technologique, environnemental voire sportive est fondamentale pour forger une
âme d’entrepreneur.
L’accès de plus en plus aisé au réseau Internet, les magazines spécialisés et
les journaux généralistes en ligne sont tout autant d’occasions d’enrichir son
patrimoine culturel personnel pour faire office d’un aspirant entrepreneur.
Le sens social est un pré-requis fort pour entreprendre. Car sans compréhension
des référents sociaux des futurs collaborateurs, des futurs partenaires, des
futurs fournisseurs et des futurs clients, on hypothèque ses chances de réussir
l’acte d’entreprendre. Un chef d’entreprise moderne, aujourd’hui, est un chef
d’orchestre, il délègue, il motive, il accompagne ses collaborateurs dans leur
acte de gestion, il est à leur service comme pour ses clients, alors soigner
l’approche sociale et son impact sur les relations humaines c’est primordial. La
socialisation précoce des aspirants entrepreneurs est un must, l’autisme est
banni chez les entrepreneurs. L’’autre’ est très présent dans l’esprit d’un chef
d’entreprise. Le bagage technique, l’innovation et la différentiation ont une
place importante dans l’acte d’entreprendre.
Le projet d’entreprise repose, en effet, sur une vision, une stratégie et un
plan d’actions partant de l’idée d’une offre technique et marketing différenciée
sur des marchés très souvent saturés.
L’innovation
et l’esprit innovant forment
le cœur battant de l’entreprenariat. Aussi, le background éducationnel, la
rationalité managériale acquise sur les bancs des écoles sont, à ce titre,
essentiels voire fondamentaux pour réussir son entreprise.
Enfin, situer l’acte d’entreprendre dans une logique citoyenne permet au projet
de s’intégrer dans son milieu naturel, la patrie. En effet, les chefs
d’entreprise sont avant tout des portes drapeaux de leur nation. Leur succès
dépend de l’image et du succès de leur pays. Ils doivent le défendre avant même
de défendre leur business. Un entrepreneur donne et reçoit, c’est la citoyenneté
au quotidien. Le patriotisme économique est un reflexe innée chez le chef
d’entreprise, car dès qu’il voyage, il est vu comme étant un fer de lance
tunisien avant même d’être un partenaire commercial ou actionnarial.
M. Zargouni a terminé sa conférence en suggérant aux jeunes ingénieurs de ne pas
se lancer dans l’entreprenariat à la sortie de l’école d’ingénieurs, mais plutôt
de se rôder au management en intégrant les entreprises industrielles tunisiennes
car celles-ci ont le grand besoin de renforcer leur taux d’encadrement pour
gagner la bataille de la valeur ajoutée, en rappelant le gap qui sépare les
entreprises tunisiennes de leurs homologues européennes aux niveau du taux de
valeur ajoutée, près de moitié moindre. Et de finir en rappelant que les
pré-requis de l’entreprenariat concernent naturellement une minorité, mais une
minorité sur laquelle le pays compte beaucoup pour relever ses multiples défis.