Grèce : le FMI face à une mission très délicate

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ènes, le 4 mars 2010 (Photo : Aris Messinis)

[07/04/2010 05:46:41] WASHINGTON (AFP) Les informations contradictoires sur les intentions du gouvernement grec face au Fonds monétaire international montrent à quel point l’institution multilatérale serait confrontée à une mission délicate à Athènes, si jamais elle devait prêter de l’argent au pays.

Le FMI a dépêché mercredi une nouvelle mission en Grèce, officiellement dans le cadre de son assistance technique au pays.

“Des salariés du FMI entameront un séjour de deux semaines à Athènes demain (mercredi, ndlr) pour apporter leur assistance technique dans le domaine budgétaire, en particulier pour améliorer l’administration fiscale et la gestion des finances publiques”, a indiqué un porte-parole mardi.

À l’évidence, la discussion devrait déborder de ce cadre.

La possibilité de recourir à un prêt du FMI est envisagée depuis un accord le 25 mars entre les deux premières économies de la zone euro, la France et l’Allemagne. Et cette éventualité a nécessairement poussé l’institution de Washington à examiner de plus près quelles conditions elle imposerait en échange de son aide.

“Un jour prochain, la Grèce va faire appel au FMI pour un prêt”, était convaincu mardi l’ancien économiste en chef du Fonds, Simon Johnson.

Mais avant même d’avoir à verser un seul euro, le Fonds fait face à des tiraillements au sein du gouvernement grec: des sources internes affirmaient mardi que le gouvernement d’Athènes négociait pour adoucir les conditions d’un FMI qu’il préfèrerait contourner, tandis que le ministre des Finances Georges Papaconstantinou démentait tout mouvement en ce sens.

Pendant ce temps, la Grèce s’enfonce dans la crise budgétaire, incapable d’améliorer la perception des marchés sur le risque que représentent ses titres de dette. Le Fonds est resté discret jusque-là, mais imposerait ses solutions s’il entrait en jeu.

De son propre aveu, il est déjà privé d’atouts importants du fait de la présence de la Grèce dans la zone euro. “Pour corriger la politique économique vous avez un outil qui est le taux de change. Et bien sûr le fait d’avoir affaire à un membre d’une union monétaire rend la situation différente”, soulignait fin février le directeur général du Fonds, Dominique Strauss-Kahn.

Le FMI connaît cette configuration avec le franc CFA en Afrique de l’Ouest, commun à 14 pays. Mais les enjeux en Grèce sont d’une tout autre ampleur pour le système mondial.

Et les rapports avec la Banque centrale européenne ne sont pas partis sur une bonne base, avec les propos de son président Jean-Claude Trichet regrettant la “déresponsabilisation des membres de la zone euro” quelques heures avant l’accord franco-allemand.

Ce qu’il n’est pas question de faire, c’est de jouer sur la politique monétaire, comme le FMI l’a imposé en Hongrie notamment, en obtenant de la banque centrale qu’elle relève de trois points son taux directeur, à 11,5%, quelques jours avant de lui accorder un prêt fin 2008.

Ce qu’il est difficile d’imaginer, c’est une sortie de la zone euro, seule possibilité pour offrir à la Grèce une monnaie moins forte. L’Europe n’y est pas prête.

Enfin, ce qu’il parait tabou d’envisager, c’est une restructuration de la dette, comme le FMI en a imposé une pas plus tard qu’en janvier à la Jamaïque. Pour obtenir un prêt de 1,25 milliard de dollars, ce pays a dû contraindre les détenteurs nationaux de ses titres de dette à long terme à une réduction du taux d’intérêt et un allongement de la maturité.

L’une des seules variables d’ajustement qui restent est alors la rigueur budgétaire. Or selon Simon Johnson, non seulement le montant des excédents à dégager est irréaliste, mais “les fractures sociales et politiques en Grèce, en plus du penchant pour des grèves débilitantes, réduisent aussi les chances de réussir”.