Automobile : Un couple franco-allemand à la conquête des pays émergents

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à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

[07/04/2010 15:11:58] PARIS (AFP) Le rapprochement des constructeurs Renault-Nissan et Daimler fait naître pour la première fois un couple franco-allemand dans l’automobile, dont l’ambition est de conquérir le Brésil, la Chine ou l’Inde tout en développant les technologies du futur.

“Nous voyons émerger un couple franco-allemand dans l’automobile”, souligne Bernard Jullien, directeur du Gerpisa, centre international de recherche sur le secteur automobile, relevant l’inexistence, jusqu’alors, d’une “Union européenne de l’automobile” en l’absence d’un tel tandem.

En coopérant avec Daimler, Renault prend pied en Allemagne, une avancée d’une “importance considérable”, juge l’expert, tant sur le plan commercial que sur le plan politique.

“Cela a un sens d’évoquer EADS (…). Il y a derrière cette idée qu’il faut constituer une force de frappe politique pour influer si possible à Bruxelles (…) là où les normes vont se définir, où les plans de (voitures) électriques vont être conçus et où les politiques de recherche audacieuses, à la japonaise, peuvent éventuellement être initiées”, estime-t-il.

Carlos da Silva, analyste pour le cabinet IHS Global Insight, souligne toutefois qu’il s’agit d’une alliance franco-allemande “de circonstance” dans la mesure où peu d’autres constructeurs avaient les mains libres pour coopérer.

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à Bruxelles. (Photo : Georges Gobet)

En outre, “ce sont des entreprises qui cherchent toutes deux les moyens de se développer en mettant en commun leurs savoir-faire, leurs technologies”, dit-il.

L’enjeu pour eux est de rivaliser avec un autre allemand, Volkswagen, l’actuel numéro 1 en Europe qui offre déjà tout un éventail de marques, de la plus petite avec Skoda à la plus haut de gamme avec Lamborghini.

Au-delà du Vieux continent, leur marché historique arrivé à maturité, Renault et Daimler doivent s’implanter sur les marchés émergents, en Amérique latine et en Asie, pour ne pas manquer ces leviers de croissance et se prémunir d’une conjoncture déprimée par la récente récession économique.

“Les faibles taux d?équipement en matière d?automobile et la croissance économique de ces marchés les rendent particulièrement attrayants”, résume Bertrand Rakoto, analyste pour le cabinet RL Polk.

“Les stratégies pour conquérir ces marchés consistent soit à trouver un partenaire déjà implanté, comme Volkswagen qui s?est rapproché du japonais Suzuki très présent en Inde, soit à s?associer à un constructeur domestique”, explique-t-il.

La coopération avec Daimler va ainsi permettre à Renault d’amorcer une présence en Chine où il n’est pas parvenu à s’immiscer malgré l’implantation de son autre partenaire, Nissan.

Outre le développement dans ces pays, Renault cherche également à grossir afin de diluer le risque en cas d’échec de son important programme de fabrication de voitures électriques et hybrides.

“Quand on veut courir tous ces lièvres simultanément, on ne peut pas le faire seul tout simplement”, conclut Bernard Jullien, en écho au PDG de Renault-Nissan.

“Aujourd’hui, les constructeurs doivent se développer simultanément sur la voiture électrique, hybride, être présents dans l’ensemble de la gamme et dans de plus en plus de pays. Je ne vois pas comment un constructeur qui ne produit que deux ou trois millions de voitures peut faire face”, confie Carlos Ghosn au quotidien le Monde daté de jeudi.

Pour les analystes, cette alliance est d’autant plus pertinente qu’elle préserve l’indépendance de chacun, preuve que les patrons ont su tirer les leçons de leurs précédents échecs de tentative de rapprochement.