L’état d’urgence, nouveau coup dur pour l’économie thaïlandaise

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La bourse de Bangkok, le 27 mai 2009 (Photo : Pornchai Kittiwongsakul)

[08/04/2010 10:09:03] BANGKOK (AFP) Les autorités thaïlandaises tentaient jeudi de rassurer les touristes et hommes d’affaires étrangers au lendemain de l’instauration de l’état d’urgence à Bangkok, mais les acteurs économiques s’attendaient une nouvelle fois à souffrir de cette énième crise politique.

La Bourse de Bangkok chutait de 3,5% à la clôture après l’annonce mercredi par le Premier ministre Abhisit Vejjajiva de l’instauration de l’état d’urgence pour ramener le calme dans la capitale, après près d’un mois de manifestation de l’opposition.

Le pouvoir a immédiatement tenté de rassurer les milieux économiques, en particulier étrangers, alors que le pays vient de connaître sa première année de récession depuis 2000 (-2,3% l’an passé) et espère renouer avec la croissance dès cette année.

Les mesures qui accompagnent l’état d’urgence “n’affectent pas la vie quotidienne des gens ni leurs activités, pas plus qu’elles n’affectent les étrangers habitant ou visitant la Thaïlande”, a assuré le ministère thaïlandais des Affaires étrangères dans un communiqué.

Mais les milieux d’affaires ne décolèrent pas après l’occupation par les manifestants anti-gouvernementaux d’un quartier touristique et commerçant majeur du centre-ville, très fréquenté par les Thaïlandais fortunés et les voyageurs asiatiques.

L’Association thaïlandaise de la vente au détail estime que les pertes des magasins du quartier depuis samedi dernier dépassent le milliard de bahts (plus de 23 millions d’euros). “Cet incident va inévitablement de nouveau ralentir l’économie”, a regretté une porte-parole de l’organisation.

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évincé Thaksin Shinawatra à Bangkok, le 3 avril 2010 (Photo : Athit Perawongmetha)

Le Dr. Thanawat Phonvichai, directeur du centre de prévisions économiques de la Chambre de commerce thaïlandaise, craint pour sa part un impact sur les performances du pays tout entier.

“Un mois de manifestation coûte entre 0,1 et 0,2 point de croissance, ou 21 à 38 milliards de bahts. Trois mois de manifestations coûtent de 0,3 à 0,5 points, soit 70 à 100 milliards de bahts”, estime-t-il.

Le secteur du tourisme, lui, avale encore une fois une pilule amère après les débordements d’avril 2009 (2 morts, plus de 120 blessés) et le blocage des aéroports fin 2008, dont se souviennent encore des centaines de milliers de touristes étrangers.

“Le mot +état d’urgence+ entraîne immédiatement des inquiétudes car il est souvent interprété comme étant un couvre-feu”, souligne un agent de voyage européen, qui s’avoue ravi que la crise politique au Kirghizstan détourne l’attention des Européens sur ce qui se passe en Thaïlande.

Mais l’Europe est très peu touchée par les annulations, ajoute-t-il, à côté du désastre que provoque ce genre d’événements sur la clientèle asiatique.

“Les facteurs politiques sont très importants pour les touristes chinois. Normalement, avril est un mois de haute saison où l’on attend environ 100.000 touristes chinois. Mais les chiffres sont très bas”, explique Sisdivachr Cheewaratanaporn, président de l’Association sino-thaïlandaise du tourisme.

Un million de visiteurs chinois viennent chaque année en Thaïlande. Mais selon lui, pas moins de 80 charters ont été annulés ces dernières semaines.

Au total, le secteur du tourisme estime que le nombre des visiteurs étrangers a baissé de 20 à 30% ces dernières semaines par rapport à l’an passé.