Les incertitudes sur le plan d’aide européen minent la Grèce

photo_1270727774960-1-1.jpg
ère des Finances à Athènes le 7 avril 2010. (Photo : Aris Messinis)

[08/04/2010 11:59:13] BRUXELLES (AFP) Le problème budgétaire grec reste entier pour l’Europe malgré le plan d’aide récemment mis sur pied, qui n’a pas eu l’effet psychologique escompté sur les marchés, son contenu étant jugé encore trop vague et l’Allemagne restant très réticente à payer.

Deux semaines après l’adoption d’un mécanisme d’aide inédit en zone euro par les dirigeants européens, les inquiétudes restent très vives sur les marchés concernant la capacité du pays à financer sa dette.

Le taux exigé de la Grèce pour emprunter sur dix ans a atteint jeudi un niveau record, à plus de 7%. Cela signifie que la Grèce doit actuellement débourser plus du double de l’Allemagne, référence des marchés, pour financer ses déficits énormes.

L’euro en pâtit. Il a baissé sous 1,33 dollar pour la première fois en deux semaines, et la Bourse d’Athènes a chuté de 5% jeudi en milieu de journée.

En cause d’abord: les difficultés de l’économie grecque qui perdurent.

Selon la presse grecque, le déficit national pour 2009, déjà revu en hausse à 12,9%, pourrait l’être à 14,2% ou 14,3%.

Les incertitudes entourant les modalités du plan d’aide européen, négocié dans la douleur, nourrissent aussi la méfiance des marchés.

Sa mise en place à titre préventif devait constituer un signal politique suffisamment fort pour rassurer les marchés et faire baisser les taux obligataires grecs.

Sur ce point, “le pari de l’Europe a échoué lamentablement et la remontée des rendements obligataires fait qu’il est encore plus improbable que la Grèce puisse sortir de son trou noir budgétaire sans aide effective”, estime Nick Kounis, économiste de la banque Fortis.

Le mécanisme ne doit être en principe utilisé par la Grèce qu'”en dernier recours” si elle ne parvenait plus à emprunter à des taux raisonnables sur les marchés, en associant des prêts de pays de la zone euro et du FMI.

Cependant, plusieurs questions restent en suspens. D’abord, l’activation du mécanisme nécessitera l’unanimité des pays de la zone euro, ce qui fournit à l’Allemagne un droit de veto. Or, Berlin est très réticent depuis le début à payer.

Ensuite, le niveau des taux d’intérêts qui seraient attachés à ces prêts n’est pas clairement déterminé.

L’accord du 25 mars se contente d’indiquer qu’ils “ne contiendront aucun élément de subvention”, à savoir qu’ils ne devront pas être trop bas. Mais la marge d’interprétation reste large et constitue une source de conflit.

Les taux pourraient aller de 3% à 6,5% “selon les interprétations”, souligne jeudi le quotidien allemand Financial Times Deutschland.

“Les discussions ne sont pas terminées”, reconnaît une source gouvernementale européenne.

Des rumeurs de marché, aussitôt démenties par le gouvernement grec, ont même laissé entendre qu’Athènes envisagerait une renégociation du plan d’aide, et chercherait à se passer du FMI dont les conditions d’aide seraient jugées trop sévères.

Pour le chef de file des Libéraux au Parlement européen, Guy Verhofstadt, “l’aide des pays de la zone euro est loin d’être acquise”.

En particulier, le scepticisme de l’Allemagne reste fort. La Banque centrale allemande (Bundesbank) a ainsi manifesté des doutes sur le plan d’aide, en refusant l’idée d’un chèque à la Grèce.

La mise en oeuvre de ce plan conduira de facto à “virer x milliards d’euros directement au ministère des Finances grec”, souligne un document de l’institut cité jeudi par la presse allemande.

La position de la chancelière Angela Merkel ne risque pas de s’assouplir dans l’immédiat, du fait de la proximité d’élections régionales importantes en Allemagne le 9 mai.

“Il faut s’attendre d’ici là à des déclarations dures des responsables allemands”, juge une source européenne.