Lagardère ne veut pas de Wyser-Pratte en son sein

photo_1270807833080-1-1.jpg
ée du siège de Lagardère à la Défense le 10 mars 2010. (Photo : Jacques Demarthon)

[09/04/2010 10:21:15] PARIS (AFP) Le groupe de médias et de défense Lagardère s’est dit vendredi “pas favorable” à l’entrée de Guy Wyser-Pratte dans son conseil de surveillance, quelques jours après que le financier franco-américain a annoncé qu’il y aura “des étincelles” s’il y parvient.

M. Wyser-Pratte déclare détenir actuellement 0,53% du capital de Lagardère. Le 25 mars, il a annoncé avoir déposé deux résolutions en vue de l’Assemblée générale de Lagardère (EADS, Hachette, Larousse, Elle, Paris Match, Journal du Dimanche, Europe 1, Lagardère Publicité…) le 27 avril.

La première présente sa candidature au Conseil de surveillance et la seconde vise à modifier les statuts du groupe, qui pèse 7,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Le financier franco-américain souhaite faire évoluer la gouvernance de Lagardère, d’une société en commandite par actions vers une société anonyme. Il espère ainsi remettre en question la stratégie d’Arnaud Lagardère, son gérant-commandité, qui détient tous les pouvoirs de décision avec seulement 10% du capital. Le statut en commandite permet de faire appel à des financements extérieurs sans perdre le contrôle de l’entreprise.

Wyser-Pratte reproche à M. Lagardère sa “mauvaise gestion”, l’accusant de préférer “aller jouer au tennis que diriger son entreprise”. Arnaud Lagardère dirige le groupe depuis le décès subit de son père, Jean-Luc Lagardère, en 2003.

Interrogé par l’AFP cette semaine, M. Wyser-Pratte avait promis “des étincelles” s’il devenait administrateur. Le financier pense avoir une “très bonne chance” de réussir, puisque selon lui, 60% des titres du groupe sont détenus hors de France par des investisseurs étrangers.

Appartenant à la catégorie des investisseurs dits activistes, M. Wyser-Pratte a pris par le passé des participations dans l’équipementier automobile Valeo ainsi que la maison de Champagne Taittinger et tenté d’influer sur la stratégie de ces groupes.

Réuni jeudi pour examiner ces deux résolutions, le Conseil de surveillance a émis “à l’unanimité un avis négatif”.

Concernant la candidature de M. Wyser-Pratte comme administrateur, “le conseil de surveillance estime s’être attaché jusqu’ici à ce que ses membres, choisis en raison de leur compétence, de leur expérience et de leur valeur morale, apportent une contribution aussi harmonieuse et efficace que possible à la mission qui est la sienne, de contrôle permanent de la gestion et de la stratégie”.

La deuxième résolution déposée par M. Wyser-Pratte pose aussi problème à la gérance de Lagardère, composée d’une quinzaine de membres.

Selon le groupe, “l’organisation de la société en commandite par actions repose sur un équilibre des obligations, droits, intérêts et prérogatives respectifs des deux catégories d’associés: les associés commandités indéfiniment responsables du passif social sur leurs biens propres, et les associés commanditaires dont la responsabilité est limitée à leur apport initial”.

Les deux résolutions ont été inscrites à l’ordre du jour de l’assemblée générale annuelle du 27 avril à titre provisoire, Wyser-Pratte devant encore prouver qu’il détient 0,53% du capital du groupe, seuil minimum pour autoriser un actionnaire à déposer une résolution, a précisé à l’AFP Me Jean Veil, avocat de Lagardère.

Guy Wyser-Pratte a jusqu’au 24 avril, soit trois jours avant l’AG, pour justifier de sa position d’actionnaire.

En fin de matinée, le titre de Lagardère était stable (+0,60% à 31,2 euros). Cependant il profite de ces récentes évolutions, puisque depuis le 25 mars l’action a gagné près de 10%.