Les compagnies aériennes condamnées à la course aux fusions

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éroport de Heathrow, à Londres le 13 novembre 2009 (Photo : Carl de Souza)

[09/04/2010 13:31:38] PARIS (AFP) Le mariage entre British Airways et Iberia et les rumeurs de rapprochement entre US Airways et United Airlines illustrent la nécessaire course aux fusions entre les compagnies aériennes soucieuses de réduire leurs coûts et de peser plus lourd face à la concurrence.

“Dans le secteur aérien, il y a beaucoup trop d’acteurs. Je pense que la consolidation va se poursuivre, qu’elle est nécessaire”, résume le spécialiste Didier Bréchemier, du cabinet Roland Berger.

Après des mois d’attente, la compagnie britannique British Airways et sa partenaire espagnole Iberia ont dévoilé jeudi leur accord définitif de fusion, qui donnera naissance à un géant européen du transport aérien.

De leur côté, les compagnies américaines US Airways et United Airlines ont repris les discussions en vue d’une fusion, selon la presse américaine.

M. Bréchemier souligne que les rapprochements entre compagnies s’étaient ralentis ces derniers temps faute de capacité de financement. Mais le mouvement se poursuit inexorablement.

“Le secteur de l’aviation a toujours été en consolidation. Ce que l’on constate aujourd’hui est dans le cours naturel des choses (…). Quand les temps sont plus durs, l’urgence de rechercher des synergies de coûts et de revenus est accrue”, explique Olivier Fainsilber, spécialiste de l’aérien du cabinet Oliver Wyman.

“Si vous faites la somme sur ce que le secteur a gagné ou perdu ces dix dernières années, vous arrivez au mieux à 0”, souligne-t-il.

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ésentation des compagnies aériennes British Airways et Iberia, qui ont annoncé leur fusion

Et en période de crise, la dégringolade est immédiate. L’an passé, l’aérien a perdu 9,4 milliards de dollars, dont 3,8 milliards pour les compagnies européennes, selon des statistiques de l’Association internationale du transport aérien (IATA) qui représente 230 compagnies, low cost exclus.

“Comme les temps ont été particulièrement difficiles, cela force les compagnies à obtenir des gains de productivité et des synergies donc d’aller plus loin dans les acquisitions”, poursuit M. Fainsilber.

Un analyste financier de Paris estime, sous couvert d’anonymat, que le moment est adéquat pour finaliser des fusions afin de profiter de la reprise du secteur.

Fin mars, le directeur général de IATA, Giovanni Bisignani, avait estimé que les niveaux de trafic d’avant crise pourraient être atteints dans les deux à trois mois.

“Nous pensons qu’à la fin de l’année, les compagnies aériennes seront à même de redevenir rentables avec une vraie reprise l’année prochaine”, avance l’analyste financier. En d’autres termes, elles retrouveraient des capacités de financement pour d’éventuels projets de fusion.

“United Airlines et US Airways ont déjà communiqué sur la nécessité de consolider l’aérien. On évoque en outre des échanges d’actions plutôt que d’offre en +cash+: la volonté est de fusionner pour avoir un maximum de synergies au moment de la véritable reprise”, explique-t-il.

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Logo d’Air France-KLM (Photo : Philipp Guelland)

En Europe, le mouvement semble toutefois avoir achevé un cycle, constatent les experts. Trois grosses compagnies Air France-KLM, Lufthansa, British Airways-Iberia y sont désormais constituées et vont s’y partager, hors compagnies à bas coûts, entre 70 et 80% de parts de marché.

Mais un certain nombre de compagnies, à l’instar d’Alitalia ou Brussels Airlines, vont peut-être poursuivre leur mouvement d’intégration aux grands groupes.

Air France-KLM ne détient en effet que 25% du capital de la compagnie italienne. L’allemande Lufthansa détient 45% du transporteur belge et dispose d’une option sur les 55% restants.

“A moyen terme, les compagnies du bassin méditerranéen — à l’instar de Royal Air Maroc, d’Air Algérie ou de Tunis Air — auront besoin de s’allier, attirées par les trois grandes étoiles” européennes, avance enfin Didier Bréchemier.