Les liens privilégiés des banques françaises avec la Grèce sous surveillance

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à l’Elysée (Photo : Bertrand Guay)

[09/04/2010 13:21:00] PARIS (AFP) Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a cherché vendredi à rassurer sur l’exposition à la crise grecque des banques françaises, les plus engagées au monde dans ce pays, ce qui inquiète fortement les marchés.

Une série de nouvelles a relancé, mercredi et jeudi, les craintes sur la situation financière de la Grèce et le plan de soutien qui doit être activé en cas d’impossibilité pour le pays d’honorer ses échéances de dette.

Par ricochet, les marchés ont durement sanctionné les banques françaises jeudi à la Bourse, Société Générale perdant notamment plus de 3%.

En toile de fond, la taille des engagements des banques françaises en Grèce, qui atteignent une cinquantaine de milliards d’euros, ce qui fait de la France le pays le plus exposé.

Cette particularité tient principalement au fait que les banques françaises sont les seules à avoir racheté des établissements grecs ces dernières années, Emporiki pour le Crédit Agricole et Geniki pour la Société Générale.

Victime de la dégradation de l’économie grecque bien avant la crise de ces derniers mois, Emporiki s’est d’ailleurs révélé être un véritable gouffre financier pour Crédit Agricole, qui y a déjà laissé près de trois milliards d’euros ces trois dernières années.

“La logique des marchés est extrêmement simple: on tape sur ce qui potentiellement peut inquiéter”, résume Pascal Decque, analyste chez Natixis Securities.

Pour autant, “je ne pense pas que cela puisse aller très loin, ne serait-ce que parce que je ne vois pas la Grèce faire défaut” sur sa dette, ajoute-t-il.

Désireux de tempérer les soubresauts des marchés, le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer a assuré vendredi que l’exposition des banques françaises à la Grèce ne suscite “pas d’inquiétude particulière”.

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à Athènes en 2006 (Photo : Louisa Gouliamaki)

S’il a reconnu suivre de près la situation, M. Noyer a souligné que les banques françaises sont essentiellement liées à la Grèce par les crédits qu’elles ont consentis à leur clientèle privée, particuliers et entreprises.

Quant aux obligations émises par l’Etat grec, elles en détiennent des montants sensiblement équivalents à leurs voisins européens, proportionnellement à leur taille.

“Contrairement aux autres banques grecques, Emporiki et Geniki ont, a priori, peu d’obligations grecques, ce qui constitue un avantage pour elles”, explique M. Decque.

Pour M. Noyer, les risques qu’encourent ces deux filiales sont donc limités, “sauf à imaginer que l’économie grecque disparaisse d’un coup de baguette magique”.

Pour l’heure, les banques françaises pourraient même bénéficier du mouvement de défiance observé récemment vis-à-vis des banques grecques, qui a entraîné le retrait de quelque huit milliards d’euros par les entreprises et les ménages grecs en janvier et février.

Signe de leur fragilité actuelle, les quatre principales banques grecques ont fait appel jeudi à l’Etat, lui demandant environ 15 milliards d’euros de garanties supplémentaires.

Les banques françaises bénéficient ainsi d’une image de solidité, à même de rassurer les épargnants. “Sans qu’il y ait une peur panique, cela peut faire sens d’aller mettre une grosse partie de son argent dans une banque étrangère. Cela profiterait aux filiales de banques étrangères en général”, juge M. Decque.

Selon des sources de marché, ni Geniki, ni Emporiki n’ont observé de mouvements significatifs de retraits ou de dépôts ces dernières semaines.