édecesseur Xavier Darcos, à son arrivée au ministère, rue de Grenelle à Paris, le 23 mars 2010 (Photo : Bertrand Guay) |
[11/04/2010 11:21:56] PARIS (AFP) La concertation sur les retraites démarre lundi avec le défilé des partenaires sociaux au ministère du Travail, un rendez-vous formel qui sera surtout l’occasion pour les syndicats et le patronat d’affirmer leurs positions.
Alors que l’Elysée vient d’évoquer en fin de semaine la possibilité de créer un “prélèvement spécifique sur une catégorie de population” pour financer les retraites, le nouveau ministre du Travail, Eric Woerth, ne devrait pas dévoiler les projets gouvernementaux lors de cette succession d’entretiens bilatéraux.
La suggestion de l’Elysée, encore floue, intervient en pleine polémique sur le bouclier fiscal, alors que des syndicats reprochent au gouvernement de focaliser les débats sur les efforts à demander aux salariés, notamment sur l’âge légal de la retraite.
Toucher à ce dernier paramètre, comme le demande le Medef, est la mesure la plus avantageuse financièrement, du moins à court terme. Les syndicats estiment qu’elle exclurait encore plus du marché du travail les seniors, dont une minorité travaillent encore au moment de liquider leur pension.
A part la CFE-CGC, les syndicats ont donc fait des 60 ans un symbole à ne pas toucher, y compris la CFDT, qui pourrait accepter en revanche un nouvel allongement de la durée de cotisation.
Plus largement, les syndicats veulent en priorité régler la question de l’emploi, pour rétablir les recettes de la Sécurité sociale.
égal de départ à la retraite en France et dans cinq autres pays (Photo : Patrice Deré) |
Trouver des nouvelles ressources pour les retraites en taxant des revenus échappant aux cotisations sociales leur semble aussi indispensable, tout comme la prise en compte pour la retraite de la pénibilité de certains métiers.
De son côté, le gouvernement n’a prévu de dévoiler son projet que “fin mai, début juin”, pour déposer un texte au Parlement en septembre.
Mais il n’a pas caché qu’il voulait trouver le moyen de faire “travailler plus longtemps” les Français, alors que l’espérance de vie est en constante progression.
Cela pourra passer par un nouvel allongement de la durée de cotisation nécessaire pour une retraite à taux plein (au-delà des 41 ans prévus d’ici 2012) et/ou par un recul de l’âge légal minimal pour partir en retraite, aujourd’hui fixé à 60 ans.
François Fillon a par ailleurs indiqué qu’une hausse des cotisations retraites, compensée par une baisse des cotisations chômage, était envisageable.
Sur la question des retraites dans la Fonction publique, souvent présentées comme plus avantageuses que dans le privé, le gouvernement s’est montré prudent ces dernières semaines. Après les réunions bilatérales de lundi, une journée spécifique de concertation est prévue sur ce thème.
Mercredi, le Conseil d’orientation des retraites (COR) va fournir au débat sa toile de fond, en livrant les nouvelles projections financières pour l’ensemble du système de retraites pour les prochaines décennies.
Le COR –qui est composé d’experts, de partenaires sociaux, de parlementaires et de représentants de l’Etat– ne devrait pas inclure d’emblée les simulations demandées par certains membres, comme l’effet financier d’un report de l’âge minimal de 60 à 65 ans.
Perçues par certains syndicats comme une “provocation”, ces variantes ont suscité des échanges inhabituellement vifs au sein du COR, qui tient à garder son image de neutralité.
Mais avant même la publication de ces chiffres attendus, François Fillon a déjà donné son pronostic: “Si nous ne faisons rien, il nous manquera 100 milliards par an à l’horizon 2050”, a-t-il récemment estimé.