Globalement,
l’agriculture tunisienne demeure sous-développée et peu intégrée. Elle ne crée
pas assez de valeur ajoutée par le biais de l’agroalimentaire et demeure
dépendante des aléas climatiques.
Dépendance des aléas
Les problèmes dans lesquels elle se débat sont structurels. A titre indicatif,
l’agriculture tunisienne pâtit encore des sécheresses. Avec le changement
climatique, la situation n’a pas tendance à s’améliorer dans la mesure où les
projections des climatologues tablent sur la recrudescence de ces phénomènes
naturels.
D’où tout l’intérêt de la stratégie arrêtée pour développer l’irrigué. Et pour
en comprendre l’enjeu, rappelons en quelques repères. Les superficies irriguées
sont estimées, actuellement, à 385.000 hectares sur un potentiel total irrigable
de 460.000 en 2010. Ces terres représentent 7 à 8% de la surface agricole utile
(5 millions d’hectares).
Et pourtant, la part de ce secteur dans la valeur de la production et
l’exportation agricole est fort significative.
La part du secteur irrigué dans la valeur de la production agricole est estimée
à 35% et peut atteindre les 40% pendant les années difficiles.
Par filière, le secteur contribue au taux de 95% à la production maraîchère,
77,5% à l’arboriculture fruitière, 30% aux produits laitiers et 25% à la
production céréalière.
Dispersion de la propriété agricole
Vient ensuite le morcellement de la propriété agricole, une problématique qui
remonte à l’époque coloniale. Le collectivisme d’Ahmed Ben Salah des années
soixante a essayé d’y mettre un terme mais n’a pas réussi. Le problème demeure
total.
Cette dispersion de la propriété est officiellement expliquée par les fâcheuses
conséquences de l’héritage, l’expansion urbaine et autres facteurs.
Est-ce nécessaire de rappeler ici que l’agriculture moderne suppose la
disponibilité de terres et d’exploitations agricoles ayant la taille économique
requise (10 hectares au moins) pour maîtriser les coûts de production et
améliorer le rendement.
Le gouvernement compte contourner ce problème de dispersion, par l’institution
d’incitations à l’exploitation collective des terres dispersées, tout en
garantissant la propriété privée et tous les droits y afférents.
Le financement agricole
L’autre problématique qui sera évoquée par les congressistes concerne la
faiblesse du financement bancaire. Les chiffres sont édifiants à ce sujet. Les
banques ne contribuent qu’au taux de 7% seulement au financement du secteur
agricole.
Ce taux risque de baisser pour peu que la situation continue à stagner.
Pourtant, la dimension économique du secteur n’est pas à démontrer.
L’agriculture, secteur désormais stratégique appelé à réaliser la sécurité
alimentaire du pays, emploie 500 mille personnes, soit 18% de la population
active, contribue au taux de 18% au PIB, 16% à l’emploi et 10% à l’exportation.
Conscientes de cette faiblesse, les structures d’appui et d’encadrement ont
engagé une réflexion multidimensionnelle sur le financement de l’agriculture.
L’objectif est d’identifier des mécanismes de financement adaptés aux
spécificités des secteurs de l’agriculture et de la pêche, deux secteurs qui
demeurent, hélas, encore dépendants des aléas climatiques et des fluctuations
des marchés.
La démarche suivie consiste à réviser le coût du crédit agricole et les
conditions de son octroi ainsi qu’à réexaminer le coût et le prix de la
production agricole. Il s’agit également de tout faire pour que le Fonds de
dédommagement, en cas de catastrophe naturelle, entre en fonction, d’autant que
les moyens dont dispose, actuellement, l’agriculteur ne lui permettent pas de
faire face tout seul à la survenance de sinistres et à d’autres situations
négatives.
D’où tout l’enjeu du 14ème congrès de l’UTAP
d’ouvrir le dossier du financement
du secteur agricole et de l’endettement des agriculteurs.
Pour des gains acceptables
La quatrième problématique et non des moindres consiste en le décalage entre le
coût et le prix à la production.
Ces dernières années, le coût des moyens de production n’a cessé d’augmenter de
manière sensible. Il s’est répercuté négativement sur les revenus des
agriculteurs lesquels sont, par nature, fort limités et fort modestes.
Tous les rapports confectionnés sur ce dossier son unanimes pour relever que
l’augmentation du coût à la production n’a pas été accompagnée d’une majoration
conséquente des prix à la production.
Pour l’UTAP, l’amélioration du revenu de l’agriculteur dépend de l’appui de l’Etat.
Car cette subvention lui permet de concurrencer, sur des marchés extérieurs, des
produits étrangers subventionnés.
Le temps est, désormais, venu également pour garantir à l’agriculteur des gains
acceptables.