UBS confirme son retour au profit mais les actionnaires grondent

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évrier 2010 à Bern (Photo : Fabrice Coffrini)

[12/04/2010 13:37:57] ZURICH (Suisse) (AFP) La banque suisse UBS a confirmé lundi son retour au bénéfice pour le premier trimestre et a annoncé un ralentissement des reflux d’argent, à deux jours de son assemblée générale où les actionnaires pourraient bien une nouvelle fois laisser libre cours à leur grogne.

Le numéro un bancaire helvétique table sur un bénéfice avant impôts “d’au moins” 2,5 milliards de francs suisses (1,7 milliard d’euros) au premier trimestre, après avoir enregistré au quatrième trimestre 2009 un bénéfice net de 1,2 milliard.

L’établissement zurichois semble avoir définitivement amélioré sa situation financière jusqu’alors catastrophique. La crise financière avait fait plonger les comptes de la banque, qui avait enregistré une perte abyssale de 21,3 milliards de francs suisses en 2008. L’année dernière, UBS avait redressé la barre et n’affichait plus qu’une perte de 2,7 milliards.

Mais plus réjouissant encore que son résultat, la banque a indiqué qu’elle a enfin réussi à endiguer les retraits de capitaux, consécutive à la perte de confiance de ses clients. Cette véritable hémorragie d’argent lui a valu des reflux de 147,3 millions en 2009.

Après avoir subi des sorties nettes d’argent de 56,2 milliards de francs suisses au dernier trimestre 2009, UBS prévoit des retraits de seulement 18 milliards entre janvier et mars, a-t-elle ajouté, sans donner plus de précision.

Depuis que la banque a plongé dans la crise financière et a été malmenée par des déboires judiciaires aux Etats-Unis, où elle est accusée d’avoir aidé des clients à frauder le fisc, les clients d’UBS ont massivement retiré leur argent de l’établissement.

Ces annonces ont fait bondir le cours de bourse d’UBS, qui prenait 4,19% à 18,42 francs suisses, dans un marché en progression de 0,61% à 09H44 GMT.

“Le retour dans la zone bénéficiaire est à saluer et l’affaiblissement des reflux est encourageant”, ont souligné les analystes de Wegelin dans une note.

Mais “à quel point cette évolution du bénéfice est-elle durable ? Et quand est-ce que les reflux d’argent nouveau seront définitivement stoppés”, se sont-ils interrogés.

Andreas Venditti, analyste à la Banque cantonale de Zurich (ZKB) a qualifié la diminution des retraits d’argent de “grande surprise” qui devrait relever l’humeur des actionnaires à deux jours de l’assemblée générale (AG) d’UBS à Bâle.

Car l’AG, à laquelle vont converger mercredi des milliers de petits porteurs, risque d’être une nouvelle fois houleuse.

Les actionnaires devront notamment se prononcer sur la décharge pour les exercices allant de 2007 à 2009, années durant lesquelles la banque a été frappée par la crise financière.

En accordant leur décharge, les actionnaires blanchissent l’ancienne direction d’UBS — notamment l’ex-directeur général Marcel Rohner, ainsi que les présidents successifs Marcel Ospel et Peter Kurer.

Ces derniers ne pourront plus être attaqués à titre personnel en justice pour les pertes occasionnées et pour l’affaire de fraude fiscale aux Etats-Unis. Une action en justice contre la banque reste cependant toujours possible.

Plusieurs représentants d’actionnaires ont déjà appelé à refuser la décharge. Parmi eux, se trouve la fondation Ethos, qui regroupe 75 caisses de pensions.

Les sociétés américaines de conseil aux investisseurs Glas Lewis et ISS-Riskmetrics, également opposées à la décharge, pourraient influencer jusqu’à 37% des voix d’actionnaires, a estimé la presse suisse dominicale.