La PAC doit rester “un outil fort”, préconise le commissaire à l’Agriculture

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éen à l’Agriculture Dacian Ciolos, le 12 avril 2010 à Bruxelles. (Photo : Georges Gobet)

[12/04/2010 15:08:20] BRUXELLES (AFP) Le commissaire européen à l’Agriculture Dacian Ciolos se donne jusqu’à la mi-2011 pour arrêter sa réforme de la Politique agricole commune, mais il écarte tout affaiblissement de la PAC qui doit rester “un outil fort”.

Avant de s’engager dans la bataille qui s’annonce rude sur le futur budget agricole de l’UE démarrant en 2014, l’ingénieur agronome roumain veut réfléchir à des “objectifs”.

Il a donc donné lundi le coup d’envoi à plusieurs mois de débat public pour recueillir des avis de la société civile et du secteur agricole. Car “il est important que la PAC soit légitime pour les agriculteurs, 5% de la population active, mais aussi de manière la plus large possible pour le contribuable”.

“L’ensemble de la société bénéficie de la PAC par l’alimentation, la gestion des territoires, l’environnement. Mais les Européens le savent-ils? La réponse est non”, estime le commissaire.

“Il y a des critiques, des imperfections, des attentes de réformes. Il faut prendre en compte ces attentes non pour affaiblir ou démanteler la PAC, mais pour qu’elle soit un outil toujours fort pour les agricultures de l’Union européenne”, a-t-il stipulé lundi au cours d’une rencontre avec des journalistes.

M. Ciolos souhaite notamment définir des instruments de soutien public ponctuel pour le secteur agricole, à activer en cas de crise.

“Dans des situations de défaillance des marchés, il faut qu’on ait les moyens pour pouvoir intervenir et ne pas regretter après le manque d’intervention”, juge-t-il. Sinon, cela pourrait signifier la disparition de l’agriculture et de ses emplois dans des régions entières de l’UE, prévient-il.

“La Politique agricole commune a souvent fonctionné pendant des décennies comme une politique très interventionniste sur des marchés très contrôlés, on est passés ensuite à un processus de libéralisation, d’orientation accélérée des marchés. Maintenant, il faut qu’on trouve la voie du juste milieu”, estime M. Ciolos.

Pour le commissaire, il est encore prématuré de chiffrer le prochain budget. Car “avant de parler de distribution des aides, il faut définir ce qu’on attend des agriculteurs en échange de ces aides”.

La part des dépenses de la PAC dans le budget de l’UE n’a cessé de reculer: elle atteignait 85% en 1985 et devrait atteindre 39,3% en 2013.

Un rapport parlementaire encore non finalisé sur l’avenir de la PAC, appelle à “au moins maintenir” le budget après 2013 afin que les “nouveaux” Etats entrés dans l’UE depuis 2004 reçoivent progressivement autant d’aides européennes agricoles que dans le reste de l’UE.

Le président français Nicolas Sarkozy a récemment assuré qu’il était prêt à “une crise en Europe” plutôt que d’accepter le “démantèlement de la PAC”. La France, premier pays bénéficiaire, devra affronter les partisans d’une plus grande libéralisation du secteur, Grande-Bretagne, Suède, Danemark et Tchèques en tête.

Une chose est sûre, l’heure est à un réquilibrage des aides “entre différents systèmes agricoles, entre différentes régions, entre les Etats et différentes catégories d’agriculteurs”, pour M. Ciolos. La politique définie il y a dix ans ne prend pas en compte l’arrivée de dix nouveaux pays dans l’UE.

Cet élargissement, avec son agriculture “multiforme”, a mis fin à un paysage plutôt homogène en Europe, selon lui. Nombre de pays de l’Est ont soit des exploitations petites ou très grosses, loin du modèle dominant de l’exploitation familiale de taille moyenne.

“Est-ce qu’on continue à vouloir s’obstiner de manière artificielle à parler d’un modèle unique européen ou est-ce qu’on reconnait la réalité” de cette nouvelle diversité agricole?, s’interroge-t-il. Forcément l’intervention de l’UE sera “moins détaillée” que dans le passé, prévient M. Ciolos.