étaire d’Etat chargé de la Fonction publique George Tron (G), lors d’une journée d’entretien sur les retraites le 12 avril 2010 à Paris (Photo : Jacques Demarthon) |
[14/04/2010 06:48:29] PARIS (AFP) La réforme des retraites a désormais sa toile de fond: dans le scénario le plus sombre envisagé par le Conseil d’orientation des retraites (COR), le déficit attendu en 2050 pour l’ensemble du système dépasserait largement la barre des 100 milliards d’euros.
Le COR publie aujourd’hui son rapport. Le document que l’Afp s’est procuré doit être délibéré, et éventuellement modifié, par ses membres (partenaires sociaux, experts, représentants de l’Etat, parlementaires).
Ces nouveaux chiffrages, qui englobent les retraites du privé (de base et complémentaires) et des fonctionnaires, sont très attendus pour évaluer les mesures à envisager dans le cadre de la réforme des retraites, alors que la concertation entre le gouvernement et les partenaires sociaux a démarré lundi.
Le rapport fait état d’un besoin de financement annuel du système de retraite à l’horizon 2050 qui varierait dans une fourchette de 72 à presque 115 milliards d’euros, en fonction des hypothèses économiques retenues — François Fillon avait déjà lancé le chiffre de 100 milliards en février.
A l’horizon moins lointain de 2020, la fourchette fluctuerait entre 40 et 49 milliards d’euros.
Le scénario le plus optimiste est basé notamment sur un taux de chômage à 4,5% à partir de 2024, équivalent à celui de 1978. Quant à l’hypothèse la plus pessimiste, elle est basée sur un chômage à 7% à partir de 2022, un point bas presque atteint en 2008 pour la première fois depuis environ 25 ans.
Pour le Medef, ces hypothèses sont irréalistes. Sa présidente Laurence Parisot a ainsi trouvé mardi “dommage qu’il n’y ait pas de scénario plus réaliste et, éventuellement, un scénario catastrophe” pour nourrir les débats.
Dans tous les cas, la situation démographique se dégrade. Dans le long terme, il n’y aurait plus que 1,2 cotisant pour un retraité contre environ 1,8 actuellement. Ce ratio est central dans un régime par répartition où les cotisations des premiers financent les pensions des seconds.
éficits prévus pour 2020, 2030 et 2050 suivant différents scénarios |
Quel que soit le scénario retenu, c’est la crise qui apparaît dans un premier temps comme la principale cause de la dégradation, s’ajoutant aux effets du vieillissement de la population.
Cet effet crise, qui a plombé l’emploi et donc fait chuter les recettes par les cotisations sociales, joue à moyen terme (2015-2020), mais s’estompe ensuite à long terme. En 2050, le déficit attendu “dépend alors davantage de la croissance et du chômage à long terme”, selon le document.
Pour éviter toute polémique, le COR n’a pas inclus dans ses projections les effets que pourraient avoir certaines mesures comme le recul de l’âge légal ou des allongements de la durée de cotisation.
Certains syndicats avaient qualifié d'”instrumentalisation” la demande du patronat d’évaluer par exemple l’effet de la retraite à 65 ans au lieu de 60.
Mais plusieurs données du rapport ne manqueront pas de nourrir le débat sur l’âge de la retraite.
Il évalue notamment le fait qu’il faudrait reculer d’au moins cinq ans l’âge effectif moyen de départ à la retraite d’ici 2020 pour garantir l’équilibre du système et de 10 ans d’ici 2050, si l’on ne jouait que sur ce paramètre (sans toucher au taux de cotisations et au niveau des pensions actuels).
L’âge effectif de départ est une notion différente de celle d’âge légal minimal de la retraite: il s’agit de l’âge auquel les salariés liquident effectivement leur retraite. En France, dans le privé, il est légèrement supérieur à 61 ans, et se situe sous 60 ans tous régimes confondus.
Mais les partisans d’un recul de l’âge légal au-delà de 60 ans – le patronat en première ligne – estiment qu’il s’agit de la meilleure manière de retarder l’âge effectif de départ.