égalithe, un chalutier de Lorient en acier de 24 mètres, est en cours de déconstruction le 6 avril 2010 sur un chantier dans le port de La Turballe. (Photo : Frank Perry) |
[14/04/2010 10:22:45] LA TURBALLE (AFP) La déconstruction de navires de pêche liée aux plans de sortie de flotte se structure depuis deux ans avec l’arrivée d’opérateurs comme Suez et Véolia Propreté qui cherchent un effet “vitrine” en vue de la déconstruction “propre” de plus gros navires.
La déconstruction des navires de pêche “s’est toujours pratiquée mais peu le font de manière officielle et régulière: c’est une activité qui commence juste à se structurer”, explique Barbara Frendzel, responsable du pôle développement de Véolia Propreté.
“Cela reste une activité cyclique liée étroitement à la politique européenne de la pêche. Il est donc difficile de savoir sur quel volume nous pouvons nous baser ou si cette activité est pérenne”, selon elle.
Entre 1995 et 2007, le nombre de navires de pêches en France métropolitaine a diminué de 6.593 à 5.187, selon les chiffres du ministère de l’Agriculture et de la pêche. Environ 180 bateaux étaient inscrits sur le plan de sortie de flotte 2008.
Sur le chantier de la Turballe tenu par une filiale de Veolia, Bartin Recycling, deux bateaux de pêche en aluminium de 140 tonnes de l’Ile d’Yeu ont été déconstruits depuis janvier et un troisième est en attente pendant la déconstruction du Mégalithe, un chalutier de Lorient en acier de 24 mètres pour 160 tonnes.
Le bateau encore dans l’eau, les fluides (huiles, carburant) sont pompés puis la grue sort le bateau pour l’amener au sec. A grand renfort de chalumeau au plasma, de grue et de pince géante, la cabine du fier chalutier vert et rouge est découpée, les moteurs retirés.
Ensuite les déchets intérieurs (matières non recyclables) sont évacués, la coque découpée en tronçons. Tous les éléments intérieurs récupérables seront, comme les moteurs, revendus, et la ferraille valorisée.
“Les bateaux en aluminium on va mieux les valoriser que l’acier, ceux en acier c’est souvent une opération zéro”, souligne Sébastien Piotrowski, directeur régional Ouest de Bartin Recycling.
é se tient près d’un bâteau de pêche en cours de déconstruction, le 6 avril 2010 sur un chantier de démantèlement dans le port de La Turballe. (Photo : Frank Perry) |
Le prix du rachat à l’armateur “dépend du poids du navire, du type de moteur, du matériel présent à l’intérieur ou encore de la dépollution à prévoir”, explique Nathalie Touchard, commerciale pour Bartin Recycling et Véolia à Guérande. Il faut environ dix jours pour déconstruire un bateau.
Deux grands opérateurs français, Véolia Propreté et le groupe Suez (Sita), candidats malheureux au démantèlement du porte-avions Clemenceau, ont ouvert en 2008 leurs chantiers de déconstrution de navires de pêche, activité qui exige un port adapté et des autorisations préfectorales souvent temporaires.
Sita Ouest a ouvert en 2008 un site à Concarneau pour les navires de pêche métalliques, bois ou plastique. Cinq navires y ont déjà été déconstruits et une nouvelle demande d’autorisation est prévue dans le plan de sortie de flotte 2010.
Véolia propreté a ouvert la même année un site à Bassens (Bordeaux) avec une cale sèche de 247m. En six mois une trentaine de navires y ont rendu leur dernier souffle. La cale de Bassens étant temporairement indisponible, le relais a été passé depuis janvier à La Turballe (Loire-Atlantique).
Cette activité est devenue une vitrine du groupe Véolia en matière de déconstruction navale “propre”, une façon de se positionner sur le marché avant le durcissement prévu des normes pour la déconstruction de navires de commerce.
En vue de cette échéance, le député des Yvelines Pierre Cardo (UMP) s’est vu confier une mission parlementaire sur l'”opportunité” de créer une filière française de démantèlement des navires.
Dans son rapport, attendu en mai, le parlementaire doit proposer un ou deux sites de déconstruction navale en France, avec à la clé “quelques centaines d’emplois”.