ésident de Christian Dior Couture, le 14 avril 2010 à l’ Institut français de la mode à Paris (Photo : Eric Piermont) |
[14/04/2010 14:46:30] PARIS (AFP) Travailler ensemble pour préserver un savoir-faire “made in France”: pour la première fois, maisons de luxe et façonniers ont signé une “charte de bonnes pratiques” pour améliorer leurs relations et préserver le rayonnement de la mode française dans le monde.
Les fédérations respectives des maisons de luxe et des artisans de la confection ont signé mercredi cette charte devant de très nombreux adhérents dont des prestigieux donneurs d’ordre comme Chanel, Dior, Hermès, YSL, Nina Ricci, Balenciaga ou Sonia Rykiel.
Pour arriver à cette signature, les négociations ont été longues entre donneurs d’ordre et façonniers sous l’égide du ministère de l’Industrie.
Mais comme l’a souligné à l’AFP Clarisse Perrot-Reille, auteur d’un rapport pour “sauver la façon française”, “l’important aujourd’hui c’est que le lien soit retissé alors qu’il était distendu” entre donneurs d’ordre et façonniers.
L’enjeu est de préserver le savoir-faire des façonniers, ces entreprises “à la frontière entre artisanat et industrie”, a dit Emmanuelle Marty, à la tête d’une entreprise de 120 personnes, ravie que l’on ait “pris conscience de notre fragilité dans un monde de plus en plus concurrentiel”.
Concurrence, délocalisations… En une dizaine d’années, le nombre d’emplois chez les façonniers a été divisé par deux, passant de 10.000 à 5.000, selon Mme Perrot-Reille.
édano, président de Chloé, Bruno Pavlovsky, président des activités mode de Chanel, Sidney Toledano, président de Christian Dior Couture, et Guillaume de Seynes, directeur général adjoint du groupe Hermès, le 14 avril 2010 à Paris (Photo : Eric Piermont) |
Pour le ministre de l’Industrie, Christian Estrosi, il faut “renforcer les liens entre les grands industriels de la mode et les façonniers”, sans lesquels le rayonnement de la mode française “s’affaiblirait graduellement”.
La charte, qui entend apporter plus de clarté et d’équité entre les partenaires, propose des rendez-vous réguliers entre donneurs d’ordre et façonniers pour faire le point sur la production, les commandes, les règlements (le délai de 30 jours doit “être la norme”). Elle instaure aussi un délai de préavis en cas de rupture de contrat.
Aucune contrainte de quota de production en France n’y figure. “Il ne s’agissait pas de changer les règles du commerce et de la concurrence”, a précisé à l’AFP Sidney Toledano, président de Christian Dior Couture, “mais de créer un dialogue”.
“La mobilisation ne s’obtient pas par décret mais dans la concertation”, a-t-il ajouté.
M. Estrosi a salué “les efforts déjà menés dans un contexte particulièrement difficile (de crise) pour améliorer les niveaux de commandes pour les façonniers français”, citant Balenciaga, Sonia Rykiel, Dior et LVMH (Céline, Givenchy, Vuitton, Kenzo, etc.), groupe pointé du doigt lors des négociations mais qui assure-t-il, “n’a pas attendu la charte pour produire en France”.
ésident de la Fédération de la couture (G) et Jean-Pierre Mocho, président de la fédération Française du Prêt-à-porter Féminin (D) sous le regard de Sidney Toledano, président de Christian Dior Couture, le 14 avril 2010 à Paris (Photo : Eric Piermont) |
De nombreuses maisons font fabriquer en Italie ou ailleurs certains produits, a souligné Agnès Troublé, fondatrice de la marque Agnès b., parce que “plein de choses ne sont plus fabricables en France”.
Guillaume de Seynes, directeur-général adjoint d’Hermès International, rappelle que les maisons sont déjà dans une “relation de partenariat et de fidélité avec les façonniers”.
Pour Mme Troublé, le luxe n’est pas seul en cause car “il ne fabrique pas beaucoup” contrairement aux gammes plus accessibles. “Ce qui importe, ce sont les volumes pour avoir des prix plus compétitifs”, dit-elle.
Des groupes de travail vont poursuivre la réflexion engagée sur des sujets clés pour la filière comme la valorisation du savoir-faire des façonniers, la définition d’un label haute façon française, l’amélioration de la compétitivité ou encore la lutte contre la contrefaçon.