Entre 50 et 80.000 euros nets par an en plus des avantages en nature, ce sont là
les salaires du top management expatrié en Tunisie. Des niveaux de
rémunération
qui peuvent être largement dépassés dans certains cas particuliers.
Pour les Tunisiens expatriés qui reprennent les mêmes postes dans leurs pays
d’origine, les conditions sont autres. Ils sont souvent soumis aux mêmes niveaux
de rémunération appliqués aux cadres tunisiens. «Il est rarissime qu’un Tunisien
expatrié rentre dans son pays et garde le même
salaire que celui qu’il gagnait à
l’étranger ou perçoive le même que les expatriés travaillant en Tunisie», assure
Youssef Souli, directeur exécutif de Workosolutions, agence spécialisée dans le
recrutement des hauts dirigeants et cadres intermédiaires.
Aujourd’hui, les multinationales ont de plus en plus tendance à nommer à la tête
de leurs représentations des hauts cadres originaires du lieu d’implantation
aussi bien que des expatriés étrangers, ce qui se traduit souvent par un binôme
à la tête de la direction générale. «C’est stratégique, il est tout à fait
normal de recourir aux compétences locales qui sont mieux au fait de la culture,
du management du potentiel humain tout comme elles possèdent une meilleure
maîtrise des circuits administratifs et relationnels du pays», précise M. Souli.
D’autre part, ces multinationales répondent aux vœux des gouvernements
d’employer les expertises locales lorsque les profils répondent aux mêmes
exigences de l’entreprise en compétences et en qualifications.
Une grande élasticité
Sur le marché tunisien, les dirigeants sont payés en moyenne entre 4.000 et
8.000 dinars par mois hors avantages en nature et autres compléments de
salaires. Ceci étant, il n’y a pas de règles spécifiques pour ce qui est des
rémunérations des hauts cadres et cadres intermédiaires, il existe une grande
élasticité, tout est négociable suivant les exigences de l’entreprise et des
cadres sollicités. «La demande est plus importante que l’offre dans notre pays,
la pénurie des dirigeants rend la position des candidats plus confortable au
niveau des négociations».
Dans certains secteurs tels la finance, les hydrocarbures, les centres d’appels,
les télécommunications, les IT et le secteur pharmaceutique,
les salaires des
dirigeants peuvent atteindre les 16.000 dinars par mois. Et contrairement à ce
qu’on pense communément, les grands groupes locaux peuvent rémunérer leurs hauts
cadres aussi bien que les multinationales sinon beaucoup plus et investissent
autant pour garder les meilleurs profils.
Les entreprises familiales classiques ont évolué et suivent des modes de gestion
modernes et plus adaptés. Elles accordent de plus en plus de l’importance aux
ressources humaines porteuses de valeur ajoutée et maîtrisant les process du
management. «Lorsque vous discutez avec les grands entrepreneurs et les
fondateurs des groupes qui ont le plus de poids dans notre pays, ils assurent
tous que, pour eux, un bon cadre dirigeant, c’est pour la vie et qu’ils ne
lésineront pas sur les moyens pour le garder», explique Youssef Souli.
Sur le terrain, la réalité est autre, selon certaines études, les profils
managériaux pointus changent de place près de 7 fois au cours de leur carrière.
Il y en a qui le font parce qu’ils trouvent des propositions plus intéressantes
ailleurs, et il y a ceux qui, estimant n’ayant plus rien à offrir au bout de 3 à
4 ans, changent d’entreprise.
En Tunisie, les rémunérations des dirigeants et des cadres supérieurs passe pour
être assez convenable au vu de la qualité de vie qu’offre le pays et des moyens
dont ils disposent pour en profiter. «D’ailleurs, à chaque fois qu’un expatrié
arrive en Tunisie, il n’a plus vraiment envie de repartir; quant aux Tunisiens
qui résident à l’étranger et qui sont sollicités dans leur pays d’origine, eh
bien, ils n’hésitent pas à rentrer chez eux quitte à être payés aux standards
nationaux», assure le directeur exécutif de Workosolutions.
Workosolutions travaille également sur la Libye et l’Algérie où elle place près
de 50 hauts cadres par pays et par an. Et même si le terme chasseur de tête est
considérée par certains comme politiquement incorrect, cette activité représente
l’une des missions les plus importantes de l’agence qui possède une base de
données de plus de 15.000 profils entre dirigeants et cadres supérieurs.