élévision 3D, le 8 avril 2010, dans un magasin parisien (Photo : Boris Horvat) |
[15/04/2010 08:23:02] CANNES (AFP) Alors que les téléviseurs 3D arrivent en France, les producteurs préparent leurs premiers programmes en relief, qui impliquent un coût supplémentaire et surtout une nouvelle façon de filmer pour le sport, le documentaire ou même les films X.
Il n’existe pour l’heure pas d’industrie de programmes en 3D à proprement parler et très peu de diffuseurs en proposent.
Mais 18 ans après le lancement de la HD (haute définition), ce nouvel outil pourrait déferler plus vite que prévu dans les foyers, prédisent les professionnels réunis au MIPTV (marché international des programmes audiovisuels) à Cannes.
La 3D, qui représente un coût de 30% à 50% supplémentaire, “va irriguer au delà du sport”, selon Jeremy Darroch, patron du bouquet satellitaire britannique BSkyB, qui vient de lancer la première chaîne 3D d’Europe.
Orange va proposer les premiers matchs de Roland Garros en relief, sur un canal spécifique. Ce canal perdurera ensuite pour proposer, outre du sport, du spectacle vivant (Petrouchka et Don Giovanni), à qui la 3D apporte une réelle valeur ajoutée.
TF1, le leader, qui en est à la phase des tests, va commencer aussi par le sport: pour la Coupe du monde de football en Afrique du Sud, Sony va capter 25 matchs en 3D que TF1 diffusera… dans les salles de cinéma.
“Le parc de téléviseurs est encore trop limité”, souligne Gilles Thery, en charge du dossier à TF1, qui ne devrait diffuser ses premiers programmes qu’en 2011.
En attendant, la chaîne essaie le relief sur plusieurs genres, comme le dessin animé ou le documentaire. Les plateaux du magazine “50 minutes inside” de Nikos Aliagas et du journal télévisé ont été même été filmés en 3D.
Principale productrice de documentaires en France, la société Gédéon vient d’ouvrir une filiale consacrée à la 3D. “Dans un an, la télé 3D sera là et ça va exploser”, estime Stéphane Millière, son PDG.
Ses premiers projets: une histoire de Paris et un documentaire, co-produit avec Canal+, sur une expédition scientifique dans un massif montagneux reculé de Madagascar, dont le tournage démarrera cet hiver.
“Quand on y est allés en repérage c’était extraordinaire: les animaux n’y ont jamais vu l’homme, les lémuriens venaient à la caméra”, une sensation que la 3D devrait rendre à merveille, raconte le producteur.
La 3D va représenter aussi un gros marché pour les monuments historiques et les films d’entreprises car “rien de mieux pour séduire les actionnaires qu’une carte de visite en relief”, selon Gédéon.
Les films X, déjà précurseurs pour la vidéo ou le minitel, s’annoncent un créneau porteur. Au MIPTV, le producteur Marc Dorcel, numéro deux du secteur, a montré des images de strip-tease, avec une fille qui tend une coupe de champagne.
“La 3D permet d’aller très loin dans l’interactivité et le jaillissement de l’image. La fille se retrouve sur les genoux du téléspectateur”, explique Grégory Dorcel, directeur général de la société Marc Dorcel.
La société va proposer d’ici l’été un premier programmes de 90 minutes entièrement en 3D d’Europe et une centaine de programmes en relief seront bientôt disponibles.
Mais dans le porno, comme partout, tout ne se prête pas à la 3D. “Pas question de basculer notre production 2D en 3D, ça n’a aucun intérêt. La 3D reste à part car elle nécessite une écriture totalement différente”, dit M. Dorcel.
Idem pour le sport: un match de rugby tourné de trop haut écrase le terrain, quand certains détails, comme les ramasseurs de balles au tennis, prennent trop d’importance.
“Un match mal filmé peut donner envie de vomir. Il faut faire attention car la 3D est une illusion d’optique qui trompe le cerveau”, rappelle M. Thery.