à la Bourse de New York, le 16 avril 2010. (Photo : Chris Hondros) |
[18/04/2010 07:31:23] NEW YORK (AFP) La prestigieuse banque d’affaires Goldman Sachs, au coeur d’une série de polémiques depuis le début de la crise financière, se retrouve à présent traînée en justice par les autorités boursières américaines qui l’accusent d’avoir trompé certains clients.
Dès le début de la crise, Goldman qui publiera ses résultats trimestriels mardi, s’est retrouvée accusée de faire l’objet de favoritisme dans le sauvetage de l’assureur AIG en septembre 2008.
Elle a touché à elle seule 12,9 milliards de dollars sur les 52 milliards de fonds publics utilisés pour liquider les positions financières désastreuses de l’assureur et lui éviter la faillite.
De là ont émergé des critiques sur l’influence politique de la banque, dont beaucoup d’anciens employés occupent des postes à responsabilité dans les gouvernements ou les administrations de nombreux pays, à commencer par les Etats-Unis.
En juillet, le magazine américain Rolling Stone décrivait ainsi “la plus puissante banque d’investissement” comme “une gigantesque pieuvre vampire”.
Depuis un an, Goldman a aussi été fortement attaquée sur le niveau élevé des bonus de ses employés, alors qu’elle a bénéficié d’aides publiques pendant une tempête des marchés née au coeur du système financier américain.
En janvier, elle a tenté de calmer le jeu en diminuant les rémunérations de ses employés par rapport à ce qu’elle prévoyait de leur verser, et en privant ses dirigeants de prime en numéraire.
Dernièrement, elle a aussi été accusée d’avoir aidé la Grèce à dissimuler une partie de son énorme dette. Elle a rétorqué que ses opérations avec la Grèce étaient légales et répandues en Europe.
Le président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, lui a donné raison cette semaine. Mais malgré ses efforts pour ne plus s’attirer de mauvaise presse, Goldman s’est retrouvée rattrapée par un autre scandale vendredi.
L’autorité des marchés boursiers américains, la SEC, a porté plainte contre elle, l’accusant d’avoir trompé des investisseurs en leur vendant des produits complexes adossés à des prêts hypothécaires risqués, les fameux subprime, à l’origine de la crise financière mondiale.
L’une des agences américaines de régulation du secteur financier, la Finra, avait admis dès décembre qu’elle “étudiait” les ventes de tels titres réalisées par Goldman Sachs avant la crise.
Goldman a répliqué vendredi que les accusations de la SEC étaient “complètement infondées”, promettant de défendre “vigoureusement la firme et sa réputation”.
Preuve de l’influence de la banque, ses déboires ont entraîné à la baisse non seulement les autres titres bancaires mais Wall Street et les marchés européens.
“Goldman Sachs EST le marché”, résumait Mace Blicksilver, stratège boursier de Marblehead Asset Management.
Le blog d’informations Business Insider de l’ex-analyste vedette Henry Blodget jugeait toutefois “très faibles” les accusations de la SEC contre Goldman.
“D’un côté, l’éventualité de poursuites contre d’autres banques n’est pas claire. De l’autre, la SEC pourrait déférer cette affaire au Département de la Justice” et le dossier prendrait une dimension pénale, remarquent les analystes de Bank of America-Merrill Lynch, ajoutant ne pas connaître l’impact d’une telle éventualité “sur la réputation de Goldman Sachs et sur le secteur tout entier”.
“Nous ne pensons pas qu’il y ait un risque de +vie ou de mort+, plutôt celui d’un +oeil au beurre noir+ pour Goldman”, a conclu Citigroup dans une note.