Le Burkina s’affranchit du coton et devient un pays minier grâce à l’or

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Des chercheurs d’or, en mars 2002 au Burkina Faso. (Photo : Georges Gobet)

[18/04/2010 08:09:17] OUAGADOUGOU (AFP) Pauvre et enclavé, le Burkina Faso commence à s’affranchir du coton dont il est le premier producteur africain et se pose désormais en pays minier, même si l’or reste le seul minerai exploité à ce jour.

“Je suis satisfait de ce qu’on a pu faire en quelques années. Le Burkina est devenu un pays minier”, se réjouissait cette semaine le ministre des Mines et de l’Energie Abdoulaye Abdoulkader Cissé, interrogé par l’AFP.

“L’or a remplacé le coton, qui depuis la période coloniale était notre produit d’exportation”, souligne-t-il.

Selon le Fonds monétaire international (FMI), les exportations de coton ont rapporté 120 milliards FCFA (environ 180 millions d’euros) à l’Etat en 2009, contre quelque 180 milliards pour l’or (plus de 270 M EUR).

En 2010, le Fonds table sur des revenus de 300 mds FCFA pour l’or, contre 100 mds FCFA apportés par la filière coton en crise.

Le Burkina a plus que doublé sa production d’or, passée de cinq tonnes en 2008 à 11,6 tonnes en 2009. Le gouvernement vise une production de 22 tonnes en 2010 et compte, pour doper ses recettes, sur la fin en 2011 d’une période d’exemption d’impôts pour quatre des mines déjà ouvertes.

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à Ouagadougou au Burkina Faso. (Photo : Georges Gobet)

L’exploitation minière dans le pays était freinée jusque récemment par la morosité des cours et d’importants coûts.

En ces temps difficiles, le Burkina avait dû fermer sa dernière mine d’or à Poura (centre-ouest) en 1999, et l’Etat payait “des milliards” de francs CFA d’indemnités aux travailleurs mis au chômage, rappelle le ministre.

Au début des années 2000, la filière aurifère a été abandonnée aux orpailleurs.

Mais Ouagadougou a entrepris dès 2003 de vastes réformes pour rendre le secteur minier plus attractif, et les investisseurs étrangers ont accouru.

Résultat: 599 titres d’exploration ou d’exploitation octroyés entre 2003 et 2009 à des sociétés venues d’Australie, du Canada, des Etats-Unis, d’Afrique du Sud, de Grande-Bretagne ou du Japon.

Cinq mines d’or sont entrées en production entre 2008 et 2010 et deux autres attendent d’être inaugurées d’ici la fin d’année. Trois autres permis de construction seront délivrés d’ici fin 2010 pour l’exploitation des gisements de Kiaka (centre-est), Konkèra et Tonior (sud-ouest).

Même si l’or est pour l’instant le seul minerai exploité, du zinc, du manganèse, du cuivre devraient sortir du sous-sol d’ici 2012. Des permis de recherches vont être délivrés pour l’uranium dans le sud-ouest.

“Les informations livrées par le Bureau des mines et de la géologie du Burkina (Bumigeb, public) nous permettent d’être optimistes”, avance M. Cissé, qui n’exclut pas que son pays puisse disposer de pétrole.

Si les sociétés minières “ont construit des écoles, des barrages, des postes de santé pour les populations”, comme le souligne le journaliste Abdoulaye Tao du quotidien Le Pays, le boom minier inquiète toutefois au sein de la société civile.

Les compagnies sont accusées de priver les populations de leurs terres cultivables. On leur reproche aussi de dégrader l’environnement et de profaner les lieux de cultes animistes.

“Pour l’instant, les populations riveraines, en dehors de ce que le gouvernement gagne, ne bénéficient pas vraiment de l’exploitation des mines”, affirme l’activiste Pierre Dabiré, membre de l’ONG “Publiez ce que vous payez” et du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC).