Dans un environnement de turbulences financières, la finance islamique réalise
des avancées et intéresse de plus en plus la communauté internationale en raison
de sa dimension éthico-religieuse et socialement responsable et de son ancrage à
l’économie réelle. La crise financière des subprimes ayant frappés toutes les
places financières n’a pas freiné le développement de la finance islamique qui
réalise une percée continentale remarquable (Europe, Asie, Afrique et
Etats-Unis).
En règle générale, la finance islamique respecte les règles économiques et
sociales conformes à la loi islamique (Chari’a) permettant d’offrir un modèle à
la fois éthique et rentable. A la différence de la finance conventionnelle, la
finance islamique interagit avec un environnement conventionnel et un
environnement religieux régissant les transactions commerciales et financières (Mou’amalat).
La loi islamique impose aux activités financières et bancaires des orientations
précises et des limites claires, établies à partir du Coran, de la Sunna, du
Ijmaa (consensus) du Qiyas (raisonnement par analogie) et de l’Ijtihad (effort
de raisonnement personnel).
Des pays aussi importants sur le plan économique que la Japon, le Royaume-Uni et
la Chine pensent sérieusement à conforter la place de la finance islamique sur
leur marché domestique, renforçant d’autant la crédibilité de ce phénomène,
constate le rapport de Moody’s Investors Services (2008). C’est le cas des
places de Londres et de Paris qui veulent être le centre international de la
finance islamique. Des banques étrangères ont mis en place des structures
répondant aux principes de la Chari’a comme HSBC, BNP Paribas, Deutsche Bank,
Citibank. Les pays du Maghreb commencent déjà à mettre en place les structures
adéquates au niveau de la législation pour développer
la finance islamique.
Compte tenu de ses spécificités et de son internationalisation, la finance
islamique est-elle en mesure de compléter et de calmer la fougue de certaines
pratiques financières et bancaires traditionnelles ? Cette finance peut-elle
être une «alternative» dans la mesure où elle propose de nouveaux produits
répondant à l’éthique islamique, encourage l’investissement productif, réduit la
spéculation, enracine la culture du partenariat et accroît les activités
sociales ? Les modes alternatifs de financement et d’investissement proposés par
les acteurs majeurs de la finance islamique répondent-ils aux besoins de agents
économiques (ménages, corporates et institutionnels) ? Avec sa dimension éthique
et religieuse, la finance fondée sur la loi islamique est-elle en mesure de
remédier aux dérives du capitalisme financier libéral ?
(Source : Finance islamique : Réalités et perspectives)