é Blanco, se réunit par vidéoconférence avec ses homologues de l’UE le 19 avril 2010 depuis Madrid (Photo : Pedro Armestre) |
[19/04/2010 14:56:51] BRUXELLES (AFP) L’Union européenne a rouvert lundi certaines routes dans son espace aérien entravé pour la cinquième journée par des cendres volcaniques alors que la grogne des compagnies d’aviation monte contre les gouvernements au fil des pertes financières qui s’accumulent.
La Commission européenne s’est dite prête à autoriser les Etats à verser des aides exceptionnelles aux compagnies, dont les pertes pourraient dépasser celles provoquées par les attentats de septembre 2001.
Les ministres des Transports de l’UE devaient se réunir dans l’après-midi par vidéoconférence, pressés par les compagnies et les associations du transport aérien d’assouplir les restrictions de vol imposées face au nuage de cendres du volcan islandais Eyjafjöll.
Mais toute décision sera conditionnée à “la sécurité” des passagers, a fait savoir la présidence tournante espagnole de l’Union européenne.
érien en Europe selon les prévisions pour mardi 20 avril à 00h00 GMT |
Plusieurs compagnies dénoncent des restrictions de vols excessives comme les allemandes Lufthansa et Air Berlin, mais aussi la néerlandaise KLM. Elles font valoir qu’elles ont effectué sans encombre des vols tests ou commerciaux depuis ce week-end. British Airways (BA) a jugé “inutile” la fermeture de l’espace aérien britannique.
“Mais en cas de situation non désirée, personne ne voudra assumer la responsabilité”, a rétorqué le ministre espagnol des Transports, José Blanco, faisant allusion à l’éventualité d’un accident, les particules de cendres pouvant endommager les réacteurs.
Le réacteur d’un chasseur-bombardier F16 de l’Otan volant en Europe a été affecté, selon un responsable américain. “On a détecté un processus de vitrification dans les moteurs”, a-t-il dit.
Alors que plusieurs compagnies ont dénoncé l’absence de calcul de la concentration de cendres dans l’atmosphère, des scientifiques allemands devaient tenter de la mesurer lundi après-midi, jusqu’à 10.000 mètres d’altitude.
érence de presse le 22 janvier 2010 à Genève (Photo : Fabrice Coffrini) |
L’Association internationale du transport aérien (IATA) a fustigé la gestion de la crise par les gouvernements et l’UE, évoquant “une pagaille européenne” qui coûte environ 150 millions d’euros par jour au secteur.
Pour l’ensemble de l’économie allemande, le préjudice est d’environ un milliard d’euros par jour, selon le chef économiste de la Chambre de commerce et d’industrie allemande (DIHK), Volker Treier.
L’éruption du volcan et la colonne de cendres ont nettement diminué, selon une géophysicienne islandaise. Mais le nuage se déplace. Il pourrait atteindre le Canada lundi, d’après la météorologie britannique.
L’heure était toujours au système D pour des millions de voyageurs bloqués dans le monde, jusqu’en Chine et en Australie, et qui cherchaient à rallier leurs destinations par des moyens terrestres et maritimes.
Les vacances en Thaïlande d’Emile Mathee, un Britannique de 47 ans, ont ainsi viré au cauchemar. Il devait rejoindre Londres, mais est resté bloqué à l’escale de Dubaï. “J’étais supposé commencer un nouveau travail lundi mais je ne suis pas sûr que je vais garder l’emploi qui m’était proposé”, dit-il.
Des milliers de Français étaient aussi immobilisés en Asie. Carte bancaire bloquée, couchages de fortune… “Pour l’instant, on s’en sort financièrement. Mais dans une semaine ?”, se demande Pierre.
En pleine campagne électorale, le gouvernement du travailliste Gordon Brown s’est particulièrement mobilisé pour rapatrier les 150.000 ressortissants britanniques en rade, en appelant même à la rescousse des navires de guerre de la Royal Navy.
L’Estonie a elle mis à contribution les microblogs Twitter et le réseau Facebook pour aider ses ressortissants.
Plus de 6,8 millions de passagers ont déjà été cloués au sol dans 313 aéroports, selon Airports Council International (ACI), la plus importante organisation professionnelle des aéroports. Des milliers de personnes dorment dans des aéroports.
Nombre de compagnies ferroviaires ont ajouté des trains sur leurs lignes. Autocars, voitures de location et bateaux sont pris d’assaut. Les chauffeurs de taxis multiplient quant à eux les longues courses.
Les tour-opérateurs se démènent pour rapatrier leurs touristes pris au piège de Majorque aux Canaries en passant par la Grèce, en compilant les transferts les plus improbables.
Lundi, la situation toutefois allait quelque peu s’améliorer: environ 30% des vols, soit entre 8.000 et 9.000 sur les plus de 28.000 prévus, devaient être assurés dans la journée en Europe, selon l’Organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne (Eurocontrol).
Si certains pays ont repoussé la réouverture générale de leurs aéroports et/ou de leurs espaces aériens (Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Italie, Suisse, Grande-Bretagne…), d’autres ont au contraire levé partiellement ou entièrement les restrictions (Finlande, Suède, Roumanie, Slovaquie, Hongrie, République tchèque, Autriche, Turquie…). Les aéroports espagnols, certains français et croates fonctionnaient dès dimanche après-midi.
Près de l’aéroport parisien de Roissy, Christian Payen, 54 ans, un habitant local, savourait la quiétude liée à l’absence de trafic: “C’est le pied!”