à Santander, dans le nord de l’Espagne. (Photo : Rafa Rivas) |
[19/04/2010 16:48:34] PARIS (AFP) Le chaos du secteur aérien provoqué depuis jeudi par le nuage de cendres venu d’Islande perturbe par ricochets toute l’industrie du tourisme européen, qui affronte l’une de ses pires crises.
Déjà pénalisés, en 2009, par une chute de 8,5% des dépenses mondiales dans le tourisme et des voyages en raison de la crise économique, les acteurs du secteur espéraient reprendre des couleurs en 2010.
Mais comme le souligne Erminio Eschena de MSC Croisières, “le tourisme est le seul acteur économique qui subit de plein fouet tout ce qui se passe sur la planète d’un point de vue financier, médical, climatique, attentats…”
L’impact économique des perturbations n’est pas encore chiffré, mais le britannique TUI Travel, plus gros tour-opérateur européen, a déjà estimé que chaque jour de paralysie lui coûterait de 5 à 6 millions de livres, outre les 20 millions de livres (22,6 millions d’euros) déjà perdus.
écolle de l’aéroport de Budapest-Ferihegy le 19 avril 2010. (Photo : Attila Kisbenedek) |
Pour sa part, Thomas Cook Group a annoncé que la paralysie partielle du trafic européen lui coûtait de l’ordre de 7 millions de livres (soit près de 8 millions d’euros) par jour.
L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) rappelle qu'”en Europe, 700.000 touristes internationaux arrivent chaque jour (…) Le tourisme étranger en Europe représente par an un chiffre d’affaires de 150 milliards d’euros, soit 400 millions par jour… donc 63.000 vols annulés c’est énorme”, souligne-t-on.
Les compagnies aériennes estiment leur manque à gagner à plus de 200 millions de dollars par jour auxquels il faut ajouter par exemple les coûts supplémentaires du déroutement des avions.
“Quand on connaît le coût pour les compagnies, il faut multiplier au moins par 2,5 pour obtenir l’impact sur la filière du tourisme au complet”, explique Didier Arino, directeur du cabinet spécialisé Protourisme.
En Italie, les tour-opérateurs parlent de situation sans précédent qui risque sérieusement de mettre à genoux la filière”. Leurs homologues français parlent de “pire catastrophe économique” ou de “faillites” inévitables si les perturbations se poursuivent.
à l’aéroport de Rome-Fiumicino le 19 avril 2010. (Photo : Andreas Solaro) |
“Pour l’instant, tout le monde préfère s’occuper de rapatrier les clients bloqués et d’en faire partir quand c’est possible. On verra après qui paie”, dit Jean-Marc Rozé, secrétaire général du Syndicat français des agents de voyage.
La facture sera de toute façon salée puisque les ventes ont été brutalement stoppées. De plus, de nombreuses agences de voyage et tour-opérateurs sont mobilisés depuis vendredi pour venir en aide à leurs clients, en les hébergeant dans les hôtels clubs comme Fram ou le Club Méditerranée, en affrétant des avions ou des cars pour rapatrier le plus de monde possible ou en faire partir.
A Euro Disney, fréquenté à 52% par des visiteurs étrangers, aucun chiffre n’était communiqué sur un éventuel impact, mais l’aérien concerne environ 15% des touristes, la voiture près de 60% et le train 12,5%.
Les croisières apparaissaient moins touchées. “Un des avantages de la Méditerranée est la proximité pour nos clients”, assure M. Eschena, directeur général de la filiale française de MSC Croisières qui a dû jongler néanmoins avec des autocars pour remplacer les vols afin que ses clients puissent embarquer.
Pour Georges Azouze, président France de Costa Croisières, les croisières avec avion vers l’Asie et le Moyen-Orient sont effectivement plus touchées que celles de Méditerranée.
L’impact global sera “énorme” si les perturbations durent plus d’une semaine: “tant que ça dure peu et que les professionnels s’organisent ça va. Si ça dure trop longtemps, les gens vont changer de comportement et ne plus vouloir partir à l’étranger”, souligne Guy Raffour, du cabinet d’étude et de recherche éponyme.
Et la France, rappelle-t-il, est le premier pays visité au monde avec 74 millions de visiteurs étrangers.
“Tout dépend aussi de qui paie la facture. Si le coût est à la charge du client final, l’impact sera fort sur le taux de départ futur en 2010, mais aussi en 2011”, assure M. Arino.