«Malgré les progrès accomplis, une analyse récente montre que la recherche
contribue modestement dans l’économie tunisienne, que la base technologique
disponible est encore en herbe et que le partenariat entre le secteur productif
et les institutions de recherche demeure faible», note la
Banque mondiale dans
son rapport sur le partenariat avec la Tunisie pour la période 2010-2013.
Pis, la Tunisie, qui compte 6.500 docteurs d’Etat et plus de 20 mille
ingénieurs, ne produit pas beaucoup de brevets d’invention, du moins, si l’on en
croit les rapports annuels de l’Organisation mondiale de la propriété
intellectuelle. La Tunisie n’en produit que 5 à 6 par an, contre 6.500 pour la
seule France, par exemple.
La défaillance est à relever, surtout, au niveau de la recherche
institutionnelle qui, bien qu’elle dispose de moyens conséquents (universités,
pépinières d’entreprises, technopôles,
cyber-parcs, institutions de recherche
fondamentale et appliquée…), brille par son indigence et par sa
bureaucratisation.
Cette situation est fort frustrante d’autant plus que la Tunisie n’a d’autre
alternative que d’investir dans les projets innovants à forte composante
technologique pour réaliser des taux de croissance plus élevés (+10%) à même de
réduire le chômage (14% de la population active, notamment, des diplômés du
supérieur). Les filières de croissance traditionnelles se sont avérés saturés,
et surtout, incapables de réaliser des taux de croissance au delà de 5%.
Les nouveaux créneaux ciblés sont des niches à forte densité technologique et
ont pour noms : les Technologies de l’information et de la communication (TIC),
les prestations de santé, l’agroalimentaire, l’ingénierie financière, les
services informatiques….).
Cette ambition objective de monter en valeur et de migrer vers une économie à
structure de production plus intensive en technologie est tributaire d’une
culture d’innovation diffusée à plus grande échelle et bien ancrée dans les
traditions de travail des décideurs à effet multiplicateur (administrations,
technopôles, banques, universités, centres techniques…).
Néanmoins, l’état des lieux est loin de répondre à ces nouvelles attentes. La
recherche, qu’elle soit fondamentale ou appliquée, souffre de moult entraves:
capacité limitée des Petites et moyennes entreprises (95%), sous-encadrement des
entreprises, l’inefficience des programmes de
Recherche-Développement, la non
disponibilité de mécanisme de financement des projets innovants, l’instabilité
des structures administratives en charge du suivi des résultats de recherche….
Conscients de ces lacunes, les pouvoirs publics ont pris des initiatives, ces
jours-ci, en créant un mécanisme incitatif à l’innovation dans le domaine des
technologies de l’information et de la communication (TIC).
La principale nouveauté consiste en l’extension des avantages du système
d’encouragement à la création dans le domaine des TIC aux promoteurs de nouveaux
projets parmi les diplômés du supérieur et aux travaux d’extension réalisés par
les entreprises opérant dans le secteur.
Les interventions du nouveau système se font sous forme d’une participation au
capital ou d’investissements remboursables.
Autre initiative : Un décret, publié dans le JORT du 13 avril 2010, institue une
prime accordée au titre des investissements réalisés dans les activités de
Recherche-Développement.
Sont considérées comme «investissements dans les activités de R&D» les études
nécessaires au développement de nouveaux produits ou de nouveaux procédés de
production, la réalisation des expériences et des essais techniques de
prototypes ainsi que les expérimentations sur le terrain, l’acquisition
d’équipements scientifiques de laboratoire nécessaires à la conduite de projets
de Recherche-Développement.
Les primes sont fixées à 50% du coût total des études avec un plafond de la
prime fixé à 25.000 dinars, et à -50% du coût des réalisations des expériences
et des essais techniques de prototypes ainsi que les expérimentations sur le
terrain et de l’acquisition d’équipements scientifiques de laboratoire
nécessaires à la conduite de projets de R&D et les projets de recherches
appliquées avec un plafond de la prime fixé à 100.000 dinars.
Par delà ces incitations financières, le chemin reste bien long. Une économie
tirée par les résultats des travaux de recherche ne se décrète pas et ne se
réalise pas du jour au lendemain. C’est un travail de longue haleine qui demande
des stratégies cohérentes et de grands militants de développement.