Fiat lève le voile sur son plan industriel et sur un éventuel “spin-off”

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à Turin

[21/04/2010 08:17:16] TURIN (AFP) Le groupe italien Fiat dévoile mercredi sa stratégie dans le cadre de son alliance avec Chrysler et devrait lever les interrogations sur une séparation et introduction en Bourse (“spin-off) de sa branche automobile, attendue par le marché.

A partir de 10H00 GMT et durant six heures, le directeur général Sergio Marchionne et ses collaborateurs présenteront à Turin (nord) le plan industriel 2010-2014 qui lèvera le voile sur les nouveaux modèles et les objectifs financiers. Fiat annoncera aussi ses résultats du premier trimestre.

A la veille de cette présentation, tant attendue car elle révélera les bénéfices que compte tirer Fiat de son alliance avec l’américain Chrysler, le groupe a annoncé l’arrivée à la présidence de John Elkann, héritier de la dynastie Agnelli qui contrôle Fiat avec une part de 30,4%.

Agé de 34 ans, M. Elkann, vice-président de Fiat depuis 2004 et petit-fils du légendaire patron de Fiat, l'”Avvocato” Gianni Agnelli, décédé en 2003, a été nommé officiellement mercredi à la tête du groupe par le conseil d’administration.

Le marché a vu la nomination de M. Elkann, qui succède à Luca Cordero di Montezemolo, comme un signe favorable à un “spin-off” de la branche automobile qui donnerait naissance à un “pur” constructeur automobile et faciliterait à l’avenir une fusion avec Chrysler ou d’éventuels rapprochements avec d’autres groupes.

Une telle opération est perçue favorablement par les investisseurs et le titre Fiat a d’ailleurs clôturé mardi sur un bond de 9,28% à 10,42 euros.

Outre l’automobile, Fiat fabrique des bus et des camions (Iveco) ou des engins agricoles et de construction (CNH).

Un “spin-off” pourrait entraîner en revanche une perte de contrôle de la part de la famille Agnelli mais M. Elkann n’avait pas exclu par le passé cette possibilité.

Fiat comptait réaliser cette opération dans le cadre d’une fusion avec Opel mais l’échec de la reprise de l’allemand avait entraîné un gel du projet.

Le groupe pourrait au contraire décider d’introduire en Bourse les activités non automobiles et de ne garder que l’automobile au sein du groupe.

Les analystes seront par ailleurs attentifs aux économies réalisées par Fiat grâce à son rapprochement avec Chrysler, dont il a pris le contrôle opérationnel en juin 2009.

L’américain, qui est également dirigé par M. Marchionne, est détenu à 20% par Fiat qui devrait monter à 35% d’ici deux ans avant de prendre éventuellement la majorité du capital à terme.

L’intérêt de cette alliance réside dans le partage des plateformes entre leurs modèles respectifs afin de réaliser d’importantes synergies.

En terme d’objectifs, Fiat devrait annoncer une forte augmentation de ses ventes à 2,7 millions de véhicules en 2014 contre 2,15 millions en 2009, une croissance qui devrait être tirée par l’Amérique du Nord et les marchés émergents comme le Brésil, la Chine et la Russie.

Alors que Chrysler vise des ventes de 2,8 millions de véhicules en 2014, cet objectif permettrait à l’alliance d’atteindre la barre des 5,5 millions de voitures par an, considérée par M. Marchionne comme le seuil de survie pour un groupe automobile.

Pour manifester sa peur d’un désengagement du groupe d’Italie dans le cadre de l’alliance avec Chrysler, le syndicat Fiom-CGIL organisera un rassemblement devant le siège de Fiat.

La fermeture fin 2011 de l’usine sicilienne de Termini Imerese a suscité une vive polémique dans le pays et les salariés craignent d’autres suppressions d’emplois même si Fiat a démenti récemment des informations de presse en ce sens.