La crise aérienne, fausse aubaine et vrai casse-tête pour les loueurs autos

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Le terminal de Ouistreham, le 19 avril 2010 (Photo : Kenzo Tribouillard)

[21/04/2010 08:45:55] RENNES (AFP) Près du terminal transmanche de Ouistreham (Calvados), 400 voitures attendent qu’on vienne les rechercher: le recours massif à la location automobile par les voyageurs privés d’avion en Europe tourne au casse-tête logistique sans précédent pour les grands loueurs.

“Nous sommes confrontés à un énorme problème logistique, technique et opérationnel, avec un déséquilibre de 3 à 4.000 voitures” qui ne se trouvent pas là où elles devraient être, indique à l’AFP André Gallin, directeur de la communication de Hertz-France, résumant le défi posé à la profession.

Le phénomène est particulièrement spectaculaire dans les ports de la Manche et de la mer du Nord, à commencer par Calais et Cherbourg, pris d’assaut par des milliers de Britanniques désireux de rentrer au pays.

A Ouistreham, la ville a été “complètement submergée de voitures de location encombrant les parkings de la gare maritime et les rues adjacentes”, confie le maire de la localité, André Ledran, qui a réquisitionné deux parkings municipaux périphériques pour y faire stationner les véhicules.

Les plaques minéralogiques de ces voitures -sud de la France mais aussi Espagne, Suisse et Italie- révèlent le long périple routier effectué par les “naufragés du ciel”.

“C’est simple, les clients prennent le ferry en nous laissant la voiture qu’ils ont louées dans le sud. Maintenant, il faut les retransférer dans les agences dépeuplées”, indique Carine Lebouvier, responsable de l’agence locale de National/Citer, qui indique devoir gérer un surplus de 200 véhicules.

Cette société, comme Hertz, a choisi de les renvoyer au moyen de camions de transport de voitures, attendus dans les tout prochains jours.

Chez Avis, à Saint-Malo, où l’on observe le même phénomène, une solution similaire est à l’étude.

Au final, la crise assimilée dans les premiers jours à une aubaine pour les loueurs pourrait au final se solder par une perte sèche pour la branche, selon certains professionnels.

“Notre métier est d’optimiser la gestion des flux et des stocks. Or là nous nous retrouvons d’une part avec des milliers de véhicules immobilisés et qu’il faut réacheminer à grands frais, et ailleurs à des pénuries”, explique l’un d’eux.

Le déséquilibre ne se cantonne pas aux ports mais a aussi abouti à un “éparpillement des flottes dans toute l’Europe”, rappelle M. Gallin, qui évoque le chiffre de 1.000 véhicules de Hertz-France disséminés à l’étranger.

“Au total, nous serons largement négatifs sur l’ensemble de l’opération”, estime le responsable, en évoquant également les frais de personnel supplémentaires liés à l’ouverture de certaines agences 24h/24 durant la crise.

“Gérer 200 voitures de plus, cela ne pose aucun problème quand c’est planifié, comme lors du 60e anniversaire du Débarquement en 2004. Le souci, c’est la caractère imprévu et sans précédent de ce qui arrive”, sourit Mme Lebouvier, de chez National/Citer.

“Plus la crise dure, plus cela nous coûte”, indique lui aussi à l’AFP Jan Löning, président de Avis France, qui dénombre un millier de véhicules à l’étranger et autant de véhicules étrangers en France.

“Pour l’instant, nous réajustons en France mais n’envisageons pas de repositionnements massifs vers l’étranger. Il n’est pas exclu qu’il y ait des +one-way+ retour”, précise-t-il.