La Deutsche Bahn s’offre le britannique Arriva pour mieux croître en Europe

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été ARRIVA à Londres le 22 avril 2010. (Photo : Ben Stansall)

[22/04/2010 13:32:36] LONDRES (AFP) La compagnie ferroviaire allemande Deutsche Bahn va racheter l’opérateur britannique de transports en commun Arriva pour près de deux milliards d’euros, de quoi asseoir ses ambitions de croissance sur le marché européen, sur fond de rivalité grandissante avec la SNCF.

Deutsche Bahn a annoncé jeudi s’être entendue avec le conseil d’administration d’Arriva sur les termes d’une offre publique d’achat amicale : la “DB” rachètera les actions du groupe britannique, au prix unitaire de 775 pence, payable entièrement en numéraire.

Cela valorise le groupe britannique à 1,585 milliard de livres, soit environ 1,8 milliard d’euros, et représente une prime de 34% par rapport au cours de Bourse d’Arriva à la mi-mars, avant que celui-ci ne révèle avoir été approché par un acquéreur potentiel.

Deutsche Bahn a souligné l’importance stratégique de cette acquisition, la plus importante de son histoire, qui va lui permettre de conforter ses ambitions d’expansion à l’international, particulièrement en Europe, où l’ouverture à la concurrence grandissante aiguise l’appétit des opérateurs publics et privés.

“Le groupe combiné sera une entreprise véritablement internationale de transport et de logistique, figurant parmi les premiers groupes de transport de passagers en Europe, et disposant de la taille, du savoir et de l’expérience nécessaires pour assurer une concurrence effective sur des marchés de transport de plus en plus libéralisés”, déclare le communiqué.

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érence de presse à Berlin le 22 avril 2010. (Photo : Michael Gottschalk)

“La concurrence en Europe va s’accroître, et, que cela nous convienne ou non, nous devons y faire face”, a expliqué le patron de la DB, Rüdiger Grube, lors d’une conférence de presse à Berlin.

La “DB” va ainsi damer le pion à la SNCF, après l’échec cet hiver d’un projet de rapprochement entre Arriva et Keolis (filiale du groupe public français), qui semblaient pourtant très complémentaires.

Interrogée par l’AFP, la SNCF n’a fait aucun commentaire, alors que tous les regards sont fixés sur elle, les analystes se demandant si elle va ou pas lancer une contre-offre sur Arriva.

Interrogé sur cette possibilité, le patron d’Arriva David Martin a répondu que “n’importe qui peut faire une offre à tout moment”.

La DB quant à elle n’entend pas se laisser entraîner dans une guerre de surenchères. “Nous ne sommes pas prêts à une compétition ruineuse”, a martelé M. Grube.

Manoj Ladwa, courtier chez ETX Capital, a dit douter du déclenchement d’une telle bataille avec la SNCF.

“Je pense que Deutsche Bahn a fait juste ce qu’il fallait pour l’emporter”, a-t-il dit à l’AFP. “La seule chose qui pourrait être un souci à mes yeux, c’est qu’elle doit recevoir le feu vert (de la Commission européenne). Il n’y a qu’un maigre risque qu’elle ne l’obtienne pas, mais la SNCF va tout de même observer et attendre”.

Le feu vert de Bruxelles ne semble en effet pas poser de problème, la DB s’étant déjà engagée à céder les activités d’Arriva en Allemagne.

Le rachat devra de plus être validé par les actionnaires d’Arriva, au cours d’une assemblée générale prévue en juin, et les deux groupes prévoient de boucler l’opération en août.

Deutsche Bahn, la compagnie ferroviaire allemande, est déjà un géant européen des transports, présent dans 130 pays. Rien qu’en Allemagne, elle exploite un réseau ferroviaire de 34.000 km, et transporte chaque jour plus de 7 millions de passagers en train et en car. Au Royaume-Uni, elle détient déjà l’opérateur ferroviaire régional Chiltern Railways.

Arriva est un des principaux opérateurs de trains et de cars du Royaume-Uni et opère dans onze autres pays européens (à l’exception de la France).