Generali : Antoine Bernheim tire sa révérence en dénonçant son éviction

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à Paris (Photo : Eric Piermont)

[24/04/2010 12:08:59] TRIESTE (AFP) Très ému, le financier français Antoine Bernheim, qui va être remplacé samedi à la présidence de la compagnie d’assurances italienne Generali par le président de Mediobanca, Cesare Geronzi, a tiré sa révérence en dénonçant son éviction devant les actionnaires.

L'”ami très fidèle” de M. Bernheim, l’homme d’affaires français Vincent Bolloré, qui détient 5% de Mediobanca et est le chef de file des actionnaires étrangers de la banque, consolidera lui en revanche sa place dans la finance italienne en faisant son entrée chez Generali comme vice-président.

“Il paraît qu’aujourd’hui, à 85 ans, je suis un vieillard +rimbambito+ (gâteux, NDLR)” mais “évidemment, mon âge est un prétexte” pour “mes ennemis”, a déclaré M. Bernheim, au cours d’une intervention de plus d’une heure devant l’assemblée générale des actionnaires réunie à Trieste (nord-est).

Dans une pique à l’attention de Mediobanca, premier actionnaire de Generali qui n’a pas voulu que son mandat soit prolongé, M. Bernheim a rappelé que Enrico Cuccia, patron légendaire de Mediobanca, était resté à la tête de la banque jusqu’à “93 ans”.

Le visage marqué et sanglotant, M. Bernheim, applaudi par l’assemblée, a souligné qu’il était “triste de quitter une société” dans laquelle il “a vécu pendant quarante ans”, défendant avec ferveur son bilan.

Le financier français a toutefois décidé de ravaler son honneur en acceptant la présidence honoraire du groupe qu’il avait comparée à une “insulte” dans un entretien au Figaro début avril.

“Je ne serai plus rien puisque je ne suis plus au conseil -c’est assez scandaleux du reste de me retirer du conseil” mais “je préfère garder un lien avec la compagnie”, a-t-il dit.

Ironisant, il a tenu à souligner qu’il avait été “plutôt pacifique”. “J’ai beaucoup de rancoeur à l’égard de certains mais je ne l’ai pas manifestée, je suis pour la paix des braves et même pour la paix des non braves”, a-t-il indiqué, souhaitant un “grand succès” à son successeur.

Figure centrale de la finance des deux côtés des Alpes, M. Bernheim a modelé le capitalisme français des années 1960 à 1990, en tant que banquier chez Lazard.

En Italie, entré au conseil de Generali en 1973, il en a été président de 1995 à 1999, année où il avait déjà été débarqué par Mediobanca. Aidé par Vincent Bolloré, il reviendra par la grande porte en reprenant la présidence en 2002 pour la conserver jusqu’en 2010.

Etre président de Generali est un poste hautement stratégique en Italie, le “Lion de Trieste” détenant de nombreuses participations, notamment dans la banque Intesa Sanpaolo ou dans Telecom Italia.

Mediobanca, qui est le premier actionnaire de Generali avec une part de 13,2% selon le chiffre de sa participation mis à jour samedi, a désigné fin mars son président Cesare Geronzi pour succéder à M. Bernheim.

Sa nomination au conseil doit être entérinée par les actionnaires avant que les administrateurs ne le nomment président.

Agé de 75 ans, M. Geronzi, est considéré comme l’un des grands ordonnateurs de la finance italienne, disposant de solides réseaux politiques.

Mais certains observateurs craignent que ses démêlés avec la justice ne représentent un risque pour la réputation de Generali.

Mis en cause dans plusieurs affaires de faillite, dont le scandale Parmalat, il avait été condamné en 2006 à 20 mois de prison pour le krach du groupe immobilier Italcase avant d’être relaxé en appel.