Les Grecs résignés à de nouveaux sacrifices si les efforts sont partagés

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ènes le 22 avril 2010 (Photo : Louisa Gouliamaki)

[24/04/2010 12:42:30] ATHENES (AFP) Les Grecs semblent résignés à de nouveaux sacrifices à condition que les efforts qui leur seront demandés pour pouvoir bénéficier de l’aide promise par l’Union européenne et le FMI soient partagés par toutes les catégories sociales, mais ils voient d’un mauvais oeil l’intervention du Fonds monétaire international.

Pour bénéficier de l’assistance financière de l’UE et du FMI, le gouvernement socialiste de Georges Papandréou devra imposer de nouvelles mesures d’austérité.

Des experts européens et de l’institution internationale, dont le siège est à Washington, négocient d’ailleurs depuis mercredi avec Athènes ce programme d’économies, qui devrait être prêt début mai.

Tenu par la promesse, faite à Bruxelles, de réduire d’au moins 4 points son énorme déficit, le gouvernement a augmenté la TVA et les taxes sur la consommation (alcool, tabac, carburants, produits de luxe, etc), réduit les avantages salariaux dans la fonction publique, gelé les retraites du privé et du public…

“Pour 60% des Grecs, ces mesures sont nécessaires, car il est admis que le pays est au bord du précipice et qu’il sera détruit si ces réformes ne sont pas entreprises immédiatement”, explique à l’AFP Thomas Gerakis, président de l’institut de sondage Marc.

Le gouvernement actuel bénéficie aussi du rejet massif du précédent gouvernement, dirigé par le conservateur Costas Caramanlis, et désigné par 70% des Grecs comme responsable de la crise actuelle, ajoute M. Gerakis.

L’intervention du FMI est toutefois vécue comme une ingérence humiliante par une population qui nourrit un certain anti-américanisme, et est synonyme pour la gauche d’une politique néo-libérale susceptible de mettre le pays à genoux.

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à Athène contre le recours à un plan d’aide (Photo : Angelos Tzortzinis)

Etre sous la “tutelle” du FMI n’est pas “agréable”, a reconnu samedi M. Papandréou, mais les experts ne partiront pas “avec des jets de pierre”, mais seulement quand la Grèce aura “remis de l’ordre” dans son économie.

Plus d’un an après les émeutes provoquées par la mort d’un adolescent, tué par la police, Georges Sefertzis, un analyste politique, ne voit pas de risque d’une nouvelle “explosion sociale”. “On aura certes des manifestations et des grèves à l’occasion du débat sur la réforme des retraites” mais viendra ensuite “l’été grec, et le pays devrait s’assoupir. On verra cet automne, et lors des élections municipales de novembre”.

Après l’annonce par le gouvernement de son intention de recourir à l’aide internationale, un petit millier de manifestants issus de la gauche radicale sont descendus dans la rue aux cris de “FMI, go home”.

Les deux principaux syndicats du pays, celui des salariés du secteur privé (Gsee) et de la fonction publique (Adedy), ont mis en garde pour leur part contre toute nouvelle remise en cause des droits sociaux, l’Adedy appelant à manifester mardi soir.

Mais la “mobilisation dans la rue, à l’occasion des grèves récentes, n’a pas été forte” et le mouvement des agriculteurs cet hiver s’est épuisé faute de soutien populaire, relève Jens Bastian, chercheur à l’Eliamep (un centre grec de recherches de politique étrangère).

Pour lui, les Grecs “tolèrent ces mesures, pourvu que tout le monde soit mis à contribution, qu’ils n’aient pas le sentiment qu’eux doivent payer, et pas leurs voisins”.

“Le gouvernement doit montrer qu’il ne tolérera plus l’évasion fiscale”, ajoute M. Bastian, qui fait référence au scandale des “médecins de Kolonaki”, un quartier riche de la capitale où certains praticiens ne déclarent que 3.000 euros de revenus par an.

Mais il est certain que “le sens de l’irresponsabilité collective, c’est du passé”, et qu’il y a au contraire une “vraie volonté de changer”.