Christine Lagarde : la zone euro solidaire mais pas complaisante avec la Grèce

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à Washington, pour la réunion du Fonds Monétaire International (Photo : Mandel Ngan)

[25/04/2010 11:01:06] PARIS (AFP) Les pays de la zone euro doivent être solidaires mais pas complaisants avec la Grèce qui a demandé l’aide de ses partenaires et du FMI pour la sauver de la faillite, a déclaré la ministre française de l’Economie Christine Lagarde dans une interview au Journal du Dimanche.

“Nous défendons le territoire de l’euro (…) Lorsqu’une partie de ce territoire est attaquée et que notre devise commune est sous pression, on est tous tenus d’être solidaires”, estime-t-elle avant de préciser que “cela ne veut pas dire qu’il faille être complaisant”.

La décision de verser une aide financière à la Grèce, sous forme de prêts pouvant atteindre jusqu’à 45 milliards d’euros la première année, sera fondée sur un programme d’économies budgétaires qui est préparé en ce moment par la Commission européenne, la BCE et le FMI avec les autorités grecques.

“J’espère, a encore indiqué Mme Lagarde, que le Parlement (français) sera ouvert à cette logique”.

Le 3 mai, le Parlement va débattre du plan d’aide à la Grèce, qui porte pour la France sur 6,9 milliards d’euros, dont 3,9 milliards immédiatement. La prochaine échéance à laquelle doit faire face la Grèce est en effet le 19 mai. Ce jour là, Athènes doit rembourser 8,5 milliards d’euros.

Selon la ministre française, la Grèce “n’a pas tenu ses engagements” au sein de la zone euro en présentant des “chiffres erronés” et en suivant des “politiques économiques inadaptées”.

“Il nous faudra des mécanismes de contrôle pour que l’on soit certain de ne pas tomber dans un puits sans fonds, c’est toute la mission qui incombe à la Commission européenne et au FMI”, souligne-t-elle.

La ministre a encore donné des indications sur le taux auquel la France va prêter 3,9 milliards d’euros à la Grèce, soit 5%. Ce taux est flanqué sur l’Euribor (un des deux taux en vigueur sur le marché monétaire de la zone euro), auquel la France a rajouté “une marge de sécurité de 3%”. “Si une partie des sommes prêtées n’était pas remboursée intégralement, on rajouterait encore 1% et un complément de 0,5%”, précise-t-elle.

La France a emprunté ces 3,9 milliards d’euros à 1,5% sur 3 ans hors assurance. Le mécanisme prévu devrait donc mettre la France “plus qu’à l’abri”. Si la Grèce rembourse rubis sur l’ongle les 3,9 milliards prêtés par Paris, les intérêts gagnés par la France s’élèveraient à 150 millions d’euros, selon Mme Lagarde.