Un homme passe devant une affiche publiciatire d’Audi, le 28 juillet 2003 (Photo : Str) |
[25/04/2010 11:39:45] FRANCFORT (AFP) A l’étroit en Europe, où la tendance est aux petits modèles économiques, les spécialistes allemands de la voiture haut de gamme se battent désormais sur le marché chinois, où leurs grosses cylindrées se vendent mieux.
Le marché chinois de la voiture haut de gamme devrait devenir le premier au monde, devant les Etats-Unis, d’ici 2020, juge Ferdinand Dudenhöffer spécialiste de l’automobile à l’Université de Duisbourg (ouest).
Une aubaine pour le trio allemand Audi (160.000 véhicules écoulés en 2009), BMW (près de 100.000 voitures), et Mercedes-Benz (67.500 unités), qui se partagent déjà 80% de ce marché, selon la fédération allemande VDA.
Leurs ventes y ont encore bondi au premier trimestre –de 65% à plus de 100% — contre à peine 10% de hausse en Europe.
Mais surtout, alors que la tendance est aux petits modèles peu polluants mais à faible marge de rendement en Europe et aux Etats-Unis, les consommateurs chinois raffolent des grosses cylindrées allemandes.
“Pour ces modèles, les Allemands sont bien positionnés, et les constructeurs chinois ne sont pas encore de véritables concurrents”, même s’ils doivent compter avec d’autres acteurs, dont Lexus (groupe Toyota) et Volvo-Geely, souligne M. Dudenhöffer.
Ainsi, Daimler, qui se débat en Europe avec les difficultés chroniques de sa citadine Smart, réalise en Chine les meilleures ventes de sa Classe S, l’une des plus luxueuses de ses Mercedes-Benz.
Des personnes visitent le stand Mercedes Benz au salon de l’automobile de Beijing le 25 avril 2010 (Photo : Liu Jin) |
Pour s’adapter au marché chinois, les trois constructeurs proposent des “limousines rallongées”, comme la Série 5 de BMW, la Classe E de Mercedes, et l’A8 d’Audi, une dizaine de centimètres plus longues que leurs cousines européennes.
“En Chine, la plupart des voitures haut de gamme sont conduites par des chauffeurs”, ce qui explique l’attrait pour ces voitures avec plus de place à l’arrière, explique Stefan Sigrist, de la banque LBBW.
“Le prix de vente des voitures haut de gamme est plus élevé en Chine, car les clients commandent de nombreux équipements optionnels”, ajoute Felix Kuhnert, de PriceWaterhouseCoopers.
Et ces gros modèles sont également ceux qui rapportent les plus grosses marges, surtout lorsqu’ils sont produits localement, explique M. Sigrist.
Résultat, les constructeurs multiplient les investissements. BMW a ainsi annoncé vendredi vouloir produire un nouveau modèle sur place, son crossover X1, jusqu’ici fabriqué à Leipzig (est de l’Allemagne).
Le constructeur bavarois lance en juin la construction d’une deuxième usine chinoise, qui lui permettra de produire au total 100.000 voitures par an, et ambitionne de tripler ce chiffre “à moyen terme”.
Daimler a également annoncé renforcer ses usines et vise une capacité de 100.000 unités, sans précision de date.
Mais si les Allemands dominent pour l’instant, ils vont prendre de plein fouet la concurrence chinoise en matière de voitures électriques, soulignent les analystes. “Les constructeurs chinois sont quasiment seuls sur ce segment”, relève M. Sigrist.
Le groupe Volkswagen, présent depuis 25 ans dans le pays, “est en retard dans ce domaine, ce qui pourrait bien handicaper VW et Audi dans le futur en Chine”, selon M. Dudenhöffer.
Sur ce plan, Daimler est plutôt mieux armé. Le constructeur de Stuttgart prévoit de lancer une voiture électrique de série en Chine, avec un partenaire local, BYD.
Vendredi, son patron Dieter Zetsche a évoqué cette “voiture chinoise pour le marché chinois”, disponible en 2013, mais dont les détails restent encore un mystère.