énérale de la réunion de la Banque Mondiale, le 25 avril 2010 à Washington (Photo : Mandel Ngan) |
[25/04/2010 16:25:45] WASHINGTON (AFP) Les 186 Etats membres de la Banque mondiale se dirigeaient dimanche à Washington vers un accroissement des moyens financiers de cette institution d’aide au développement, qui doit leur permettre de revoir la répartition des pouvoirs entre pays.
L’assemblée semestrielle de ces Etats membres, le Comité de développement, a commencé ses travaux vers 09H45 (13H45 GMT) avec à l’ordre du jour une augmentation de capital pour la Banque, la première en plus de vingt ans.
Selon une source au courant de l’état des négociations, l’accord en vue porte sur deux augmentations de capital: l’une dite “générale” de 3,5 milliards de dollars à laquelle participeront tous les pays, et une autre dite “sélective” d’environ 1,6 milliard de dollars à laquelle contribueront les pays qui doivent voir leurs droits de vote augmentés.
Cette source indiquait que l’accord permettrait un transfert de 3,13% des droits de vote vers les pays émergents.
L’augmentation de capital répond logiquement à la hausse des engagements de la Banque mondiale (prêts, subventions, investissements dans le secteur financier et garanties pour aider des projets privés), qui ont dépassé ce mois-ci les 100 milliards de dollars depuis juillet 2008.
Chaque pays aura ensuite plusieurs années pour verser sa contribution, en fonction du calendrier retenu.
Le principe d’augmenter la part des pays émergents avait été proclamé par les pays riches et émergents du G20, lors d’un sommet à Pittsburgh (Etats-Unis) en septembre, et repris le mois suivant par les 186 Etats membres réunis à Istanbul.
Les pays les plus riches de la planète, ceux qui ne bénéficient pas de l’aide de la Banque mondiale, doivent abandonner une part de leurs voix.
Le Japon a indiqué devant le Comité qu’il porterait “le poids de la plus grande réduction de sa part dans les droits de vote”.
Selon les Etats-Unis, premier actionnaire de la Banque mondiale et ayant accepté eux aussi de réduire leurs droits de vote, “la nouvelle formule reflètera mieux le poids des pays en développement et en transition dans l’économie mondiale, tout en protégeant la voix des pays les plus petits et les plus pauvres”.
Le Brésil a souligné qu’il n’était pas complètement satisfait de la réforme. “Les pays en développement sont toujours considérablement sous-représentés si on se base sur leur poids et leur rôle dans l’économie mondiale”, a estimé son ministre des Finances Guido Mantega.
Il a indiqué qu'”étant donné les changements rapides dans le paysage économique”, le calcul des droits de vote devrait, selon lui, “parvenir au moins à la parité en 2015” entre pays riches et pays en développement.
D’après cette source proche des négociations, la part des pays dits “en développement et en transition” (pays pauvres et à revenus moyens) serait portée à 47,19% par l’accord négocié dimanche.
Le principal gagnant de la redistribution sera la Chine, grâce à sa croissance économique spectaculaire des dernières années.
Des organisations non gouvernementales ont déjà critiqué l’incapacité de la Banque mondiale à donner un poids important aux pays les plus pauvres, ceux qui comptent le plus sur son aide.
“C’est un écran de fumée de compter l’Arabie saoudite et la Hongrie parmi les pays en développement et d’affirmer ensuite qu’un transfert de 3% dans les droits de vote donnera aux pays pauvres plus de voix. La Banque mondiale demande beaucoup d’argent, mais n’est pas sérieuse dans ses réformes”, a estimé Oxfam.